Les recharges électroniques : un moyen de subsistance pour les agents des services Pap padap et Lapoula en Haïti

 Les recharges électroniques : un moyen de subsistance pour les agents des services Pap padap et Lapoula en Haïti

Les agents de recharges électroniques, souvent désignés sous les noms de « Machann Pap padap » ou « Machann Lapoula », sont omniprésents, que ce soit dans les rues de la capitale ou dans les villes de province. Ils sont présents devant les bureaux, les écoles, les églises, les banques, les hôpitaux, etc., pour approvisionner en crédit les clients abonnés à l’une des compagnies de télécommunication du pays. Nombreux sont ceux parmi eux issus des couches les plus défavorisées de la population, offrant ce service dans le but de subvenir aux besoins de leur famille. Kervens, un modeste vendeur de crédits de communication, se consacre à cette activité pour répondre à ses besoins personnels.

Chaque matin, depuis plusieurs années, Kervens, âgé de 28 ans, s’installe confortablement sur le trottoir de l’avenue Martin Luther King, attendant les clients pour la vente de crédits de communication. Il a accepté de partager son histoire avec nous : « Mwen gen 10 lane depi map vann minit telefòn, mwen te oblije met kòm deyò aprè lanmò papa m pou m te ka jere tèt mwen ak fanmi m ». « Jwenn yon travay pa fasil an Ayiti, mwen pa t vle rete chita san fè anyen », nous a-t-il confié. Avec les bénéfices réalisés grâce aux recharges électroniques dès les premières années de vente, il a pu investir dans d’autres activités telles que la vente de téléphones portables, de cartes SIM, de chargeurs, d’ampoules rechargeables, de batteries de secours, etc.

Kervens explique que la vente de crédits de communication seule ne suffirait pas à répondre à ses besoins, raison pour laquelle il l’a associée à d’autres activités connexes pour compenser les maigres bénéfices, d’autant plus que les déficits sont constants. Les bénéfices varient entre 30 à 35 gourdes sur une recharge de 500 gourdes, par exemple. En tant qu’aîné d’une fratrie de trois enfants, cette activité lui permet de subvenir aux besoins de sa petite sœur et de payer les frais de son cours de mécanique. Il affirme pouvoir gagner au moins mille gourdes par jour grâce à ce petit commerce.

Grâce à la popularité croissante du système de recharges électroniques de crédits de communication, introduit sur le marché depuis plus de quinze ans, nous sommes en mesure de recharger nos téléphones de manière beaucoup plus rapide et de rester en communication en cas de besoin. Les recharges électroniques ont également donné naissance à une nouvelle catégorie de travailleurs. C’est un travail qui mérite d’être valorisé, malgré les faibles revenus qu’il génère. Les vendeurs de recharges électroniques représentent une source de fierté, ils sont l’exemple même de la résilience et de la détermination à gagner leur vie dignement sans recourir à des pratiques douteuses.

Mihalove Daquin