Riz KPK : un nouvel espoir pour les agriculteurs après le canal de la rivière Massacre
Deux ans après le début des travaux du canal sur la rivière Massacre, l’engouement autour de ce projet a laissé place à une réalité plus concrète. Alors que l’attention médiatique s’est peu à peu dissipée, dans la plaine de Maribaroux, les agriculteurs poursuivent inlassablement leur labeur, bien décidés à tirer profit de cette nouvelle source d’irrigation.
Depuis l’ouverture du canal, un vent d’espoir souffle sur la région, notamment chez les riziculteurs. C’est dans ce contexte qu’a émergé une nouvelle entreprise, Kanal la P ap Kanpe (KPK), qui commercialise un riz entièrement cultivé dans la plaine et irrigué grâce à l’eau du canal. Si cette initiative laisse entrevoir des perspectives prometteuses, elle se heurte néanmoins à plusieurs défis qui pourraient compromettre son essor.
L’un des principaux obstacles auxquels faisaient face les agriculteurs de Maribaroux avant la construction du canal était le manque d’irrigation régulière. Nombre de champs ne dépendaient que des précipitations, rendant la production aléatoire et les rendements incertains. Aujourd’hui, la situation a changé. L’eau circule, et les paysans peuvent mieux gérer leurs cultures. « Nous avions l’eau à proximité, mais nous ne pouvions pas en profiter pleinement. Maintenant, nous avons un meilleur contrôle sur l’irrigation, ce qui nous permet de planifier nos récoltes avec plus de sérénité », témoigne un cultivateur de la région.
Si l’accès à l’eau constitue une avancée majeure, il ne garantit pas à lui seul le succès du riz KPK. La production fait face à des difficultés persistantes, notamment le coût élevé des intrants agricoles qui limite la capacité des paysans à cultiver à grande échelle. L’absence d’infrastructures adéquates pour le stockage et la transformation complique encore la situation. À cela s’ajoute la rude concurrence du riz importé, vendu à des prix bien inférieurs, ce qui freine considérablement l’expansion du marché local. « Nous avons la capacité de produire un riz de qualité, mais si nous n’avons pas les moyens de le vendre correctement, nous risquons de perdre tout le bénéfice du canal », alerte un producteur.
Malgré ces obstacles, le riz KPK suscite un intérêt grandissant auprès des consommateurs séduits par son origine locale et sa qualité. Toutefois, pour que cette dynamique se transforme en véritable moteur économique, un soutien accru de l’État et des organisations agricoles est indispensable. L’amélioration des infrastructures de stockage, la modernisation des équipements et la mise en place de politiques incitatives pourraient permettre aux producteurs de mieux valoriser leur production. Une meilleure structuration de la filière, notamment à travers des coopératives et des circuits de distribution optimisés, renforcerait également la compétitivité du riz KPK face aux importations.
Le canal de la rivière Massacre a ouvert une porte vers une production rizicole plus stable et prometteuse. Mais pour que cet élan se traduise en une transformation durable du secteur, des investissements et une vision stratégique s’imposent. L’avenir dira si cette initiative marquera un tournant décisif pour les agriculteurs de Maribaroux. En attendant, ils entretiennent l’espoir que cette eau tant attendue nourrira bien plus que leurs champs : leur avenir économique et social. Et le riz KPK poursuit lentement mais sûrement sa progression.