La fête du travail et de l’agriculture en Haïti : Kouzen Zaka, symbole de la dignité paysanne
Chaque 1er mai, Haïti célèbre la fête du travail et de l’agriculture, une journée où l’on rend hommage aux forces vives du pays, notamment aux ouvriers, artisans, cultivateurs et petits producteurs. Cette commémoration nationale, au-delà de sa portée socio-économique, prend aussi une couleur spirituelle particulière à travers la figure emblématique de Kouzen Zaka, esprit vodou du travail et protecteur des paysans.
Dans la tradition haïtienne, Kouzen Zaka – parfois appelé Zaka Tonton Liben, Azaka Médé ou tout simplement Kouzen – est bien plus qu’un personnage folklorique. Il est l’incarnation du paysan haïtien dans toute sa simplicité, son bon sens et sa proximité avec la terre. Il porte les habits de ceux qu’il représente : un chapeau de paille, une chemise à carreaux, un pantalon en toile, et un sac « makout » suspendu à l’épaule. Zaka parle avec humour, aime les mets simples et reste profondément attaché à la terre, aux bêtes, aux semences et au travail quotidien qu’exige l’agriculture.
Le 1er mai, de nombreuses communautés rurales profitent de cette fête pour organiser des foires agro-artisanales, des expositions de produits locaux, des danses traditionnelles et parfois des rituels vodou pour saluer Kouzen Zaka. Ce dernier est alors célébré comme le gardien des récoltes et le modèle de l’agriculteur travailleur, honnête et proche de la nature. Dans certaines régions, notamment dans l’Artibonite ou le Plateau Central, il est invoqué pour bénir les terres, protéger les jardins et donner courage à celles et ceux qui cultivent.
Mais cette célébration a aussi une portée politique. Elle rappelle les conditions précaires dans lesquelles évoluent les paysans haïtiens, souvent oubliés des politiques publiques, marginalisés malgré leur rôle central dans la sécurité alimentaire du pays. Honorer Kouzen Zaka, c’est aussi revendiquer plus de justice sociale, plus d’investissements dans l’agriculture, l’accès aux outils, à la formation, aux crédits et à des conditions de travail dignes pour tous les ouvriers de la terre.
En définitive, la fête du travail et de l’agriculture en Haïti, lorsqu’elle met en avant Kouzen Zaka, réunit le monde du visible et de l’invisible, le réel et le symbolique. Elle rappelle que le travail manuel, en particulier celui des cultivateurs, mérite non seulement respect et reconnaissance, mais aussi protection spirituelle. En saluant Kouzen Zaka, Haïti célèbre à la fois son identité rurale, sa culture populaire, et son désir profond d’un avenir plus équitable pour celles et ceux qui nourrissent la nation.