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Nécessité d’intervention et d’investissement de l’État et du secteur privé pour développer le sport en Haïti

L’année 2023 aura été l’une des plus difficiles pour le sport haïtien. Les fédérations sportives, dont la mission est de développer leurs disciplines respectives, n’ont pas pu mettre en œuvre leur plan annuel. À l’approche de 2024, elles sont inquiètes et dans l’incertitude totale.

Les années se suivent et se ressemblent pour le sport haïtien. Depuis le premier épisode de “peyi lòk” en 2019, le sport est confronté à l’insécurité et depuis 2021 au phénomène de “territoires perdus”. Les fédérations ne sont plus en mesure d’organiser des compétitions nationales, les ligues régionales et les clubs n’échappent pas à la crise à laquelle est confronté le pays dans son ensemble. En d’autres termes, le sport est systématiquement à l’arrêt. À l’exception du football et du Comité olympique, qui ont honoré leurs échéances internationales, les autres institutions sportives n’ont pas pu répondre aux exigences des compétitions locales ni internationales. Cette situation porte préjudice aux athlètes haïtiens, qui sont très en retard par rapport à leurs compétiteurs internationaux.

Le mouvement sportif haïtien fonctionne dans un cadre informel, avec la participation de l’État, par le biais du ministère des Sports, et des acteurs privés, dont le Comité olympique et les fédérations sportives. La part du budget allouée au ministère des sports peut seulement faire fonctionner la boîte. Le volet investissement n’est pas pris en compte. De ce fait, même si un ministre en poste avait la volonté d’investir dans les infrastructures sportives, les athlètes et la formation des cadres, il serait incapable d’agir, faute de budget. Il est d’autant plus difficile, compte tenu que les ministres de ces 10 dernières années sont, pour la plupart, incompétents, la ministre actuelle en est la preuve vivante.

Les institutions privées sont confrontées à la précarité économique, au désintérêt de l’État et du secteur privé. L’État haïtien ne s’est toujours pas donné les outils légaux pour intervenir dans le sport, c’est-à-dire un cadre juridique pour fixer et partager les responsabilités. Les fédérations ne sont pas soutenues par l’État de manière formelle et permanente. Cela constitue un manque à gagner énorme. Il n’y a que l’appât du gain qui importe au secteur privé des affaires. Il n’est d’ailleurs pas intéressé par le développement du pays, voire par le sport. C’est un secteur rentier qui ne s’intéresse pas au sport. Ainsi, les fédérations sportives se retrouvent livrées à elles-mêmes, sans aucune capacité de développer leurs disciplines. Les associations sportives, dont la plus petite cellule, les clubs, n’ont aucun moyen pour subvenir aux besoins de leurs athlètes. Par conséquent, le sport en Haïti évolue dans un environnement précaire et délaissé par les principaux acteurs, disposant des moyens adéquats, pour lui venir en aide.

Il y a une évidence à laquelle le pays ne pourra pas échapper, celle de penser le développement de manière holistique. C’est-à-dire qu’il faut un décollage collectif de tous les secteurs pour emprunter le chemin du développement. Le sport est aujourd’hui un pôle de développement important. Il contribue au PIB des pays développés et s’impose comme l’une des puissances économiques mondiales. Le sport est capable de tout, il suffit de l’encadrer par des textes de lois pour garantir sa bonne marche. En Haïti, c’est un mouvement informel qui n’arrive pas à emboîter le pas. Tant que l’État ne donne pas le ton, que le secteur privé reste à l’écart, le développement du sport en Haïti ne sera qu’un vœu pieu. Néanmoins, si l’État et le secteur privé se mobilisent, le sport pourra prendre son envol.

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