Plusieurs jeunes entraîneurs haïtiens étaient destinés à une carrière prometteuse dans le football haïtien. Ils étaient très sollicités par les équipes de première division du championnat national et certains d’entre eux prêtaient leurs services au centre FIFA Goal de la Fédération haïtienne de football. Puis soudainement, leur carrière a été stoppée en raison de l’arrêt du football national, un coup d’arrêt compromettant qui met leur avenir en péril.
La nouvelle génération d’entraîneurs du football national commençait à prendre sa place en Haïti. Leurs noms résonnaient partout et leur travail dans le milieu portait ses fruits. De Nathoux Chrisostome Junior, qui s’est distingué par son caractère électrique avec le Don Bosco de Pétionville, club avec lequel il a remporté le championnat national de première division, en passant par David Télémaque qui a dirigé notamment le Tempête de Saint-Marc et d’autres clubs du pays, Paulin Jean qui a travaillé avec la sélection nationale U17, dirigé l’Aigle Noir puis le Don Bosco, Kowsky Saint-Vil, et bien d’autres encore, ils traçaient tous à leur manière leur carrière d’entraîneur avec une certaine réussite. Malheureusement, ils sont victimes de l’arrêt du football local et oubliés des dirigeants de clubs mais également des membres du Comité de normalisation de la FHF.
Leur avenir est incertain. Cette interruption brusque de leur carrière les empêche totalement de progresser dans leur projet de jeu axé notamment sur l’organisation du jeu. Le travail d’un entraîneur s’articule autour du jeu dans ses aspects fondamentaux : l’organisation défensive et offensive, la transition défensive et offensive. Tactiquement et techniquement, il doit, par le travail, à travers des entraînements et des matchs de compétition, peaufiner sa philosophie en la mettant en lumière. Les jeunes entraîneurs haïtiens sont malheureusement privés d’exercer leur métier, ce qui nuit considérablement à leur progression.
Beaucoup d’entre eux, détenteurs de visa américain, ont quitté Haïti pour l’étranger. La majorité de ceux qui étaient affectés à l’académie Camp Nous ont quitté le pays après leur mise à pied par les membres du Comité de normalisation. Ceux qui sont encore au pays le sont peut-être par obligation, mais s’apitoient sur leur sort. Cette situation alarmante pour les entraîneurs participe à la dégradation du football haïtien. Même en cas de reprise des compétitions nationales, ils ne seront pas dans la dynamique où ils étaient avant l’arrêt du football local.
Néanmoins, la nomination du jeune entraîneur Kowsky Saint-Vil au sein du club dominicain Atlantico FC ouvre peut-être une porte pour les entraîneurs haïtiens vers la Liga dominicaine. Il y a déjà une forte colonie de joueurs haïtiens qui évoluent là-bas, ce qui peut faciliter leur intégration, même si la barrière linguistique peut constituer un obstacle majeur pour les entraîneurs haïtiens.
Tout compte fait, c’est le football local qui doit renaître de ses cendres pour permettre aux entraîneurs haïtiens de reprendre du service pour continuer à peaufiner leur projet, leur philosophie et leur vision du jeu. Entre temps, comme la FHF l’avait fait durant le début de l’année 2024, en organisant un symposium de deux jours en faveur des entraîneurs, d’autres activités visant à leur offrir des outils théoriques pour perfectionner leur art devraient être organisées pour qu’ils ne perdent pas la main, qu’ils puissent rester accrochés à un métier noble, rentable et prestigieux.
















