Le Brésil, quintuple champion du monde et véritable icône du football mondial, vit une période de grande incertitude. Ce qui était autrefois un synonyme de domination et de football flamboyant semble désormais n’être qu’un souvenir lointain. Les dix derniers matchs de la Seleção sont le reflet d’une situation catastrophique : deux victoires seulement, accompagnées de quatre matchs nuls et quatre défaites. Ce bilan, inconcevable pour une équipe du calibre du Brésil, montre une crise profonde. La défaite d’hier, mercredi 10 septembre, face au Paraguay, lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, est venue enfoncer encore plus le clou. Le Brésil de Junior Dorival s’est incliné 1-0, et ce qui est encore plus marquant, c’est que les Paraguayens n’avaient pas battu la Seleção depuis 16 ans. Une claque historique pour un pays qui se considère comme l’empereur du football.
Il est impossible de ne pas souligner que ce Brésil d’aujourd’hui est une équipe sans âme. Loin de l’époque où chaque match de la Seleção offrait un spectacle de technicité, de fluidité et de créativité, le Brésil de Junior Dorival semble être une équipe sans vision claire, sans ambition, et surtout sans projet de jeu défini. Les joueurs ne manquent pas de talent, certes, mais l’ensemble manque cruellement de cohérence. Cette perte d’identité, observable depuis plusieurs années, est la source de nombreuses frustrations chez les supporters et les observateurs du football brésilien.
Autrefois, le “Joga Bonito” était la marque de fabrique du Brésil. Cette philosophie de jeu, axée sur la beauté des gestes techniques, le plaisir de jouer et de faire jouer, a permis à cette équipe de devenir la plus titrée au monde. Mais aujourd’hui, cet ADN semble perdu. En essayant de s’adapter aux évolutions tactiques du football moderne, la Seleção a peut-être sacrifié ce qui faisait sa particularité. Les joueurs semblent désorientés, et il n’y a plus de cette harmonie qui permettait au Brésil de dominer ses adversaires.
La défaite contre le Paraguay est plus qu’une simple défaite. Elle symbolise une chute. Une équipe qui, il y a encore peu de temps, survolait les qualifications de la Coupe du Monde, s’est fait dominer par un Paraguay qui n’avait pas goûté à la victoire contre les Brésiliens depuis 2007. Ce match, en plus d’être un point d’inflexion, montre les limites tactiques et mentales de cette équipe brésilienne.
La performance des joueurs brésiliens lors de ce match a été insipide. Malgré une possession de balle légèrement supérieure, la Seleção n’a jamais semblé en mesure de véritablement inquiéter les Paraguayens. Les attaquants, pourtant reconnus parmi les meilleurs au monde, ont manqué de créativité et de précision, et la défense, autrefois pilier de la solidité brésilienne, a montré de nombreuses failles. Quant à Junior Dorival, il semble être dépassé par les événements. Ses choix tactiques ont été largement remis en question, et son incapacité à redonner confiance à son groupe commence à inquiéter.
Ce Brésil est méconnaissable. Comment une équipe qui possède parmi les meilleurs talents du monde en Europe et ailleurs peut-elle être aussi défaillante ? Comment expliquer qu’une équipe autrefois crainte et respectée, capable de se sortir des situations les plus compliquées, semble aujourd’hui incapable de répondre aux attentes ?
La défaite face au Paraguay n’est que la dernière d’une longue série de contre-performances. Avant ce match, le Brésil avait déjà connu des résultats décevants lors de plusieurs confrontations internationales.Une défaite contre la Colombie, et des prestations médiocres face à des adversaires que la Seleção aurait autrefois balayés sans difficulté. Ces résultats montrent qu’il ne s’agit pas d’un simple accident, mais bien d’une crise structurelle.
En dix matchs, le Brésil n’a enregistré que deux victoires. C’est du jamais vu. Cette équipe, qui était réputée pour son invincibilité, est désormais vulnérable, et pire encore, prévisible. Les adversaires du Brésil n’ont plus peur de cette équipe. Au contraire, ils y voient une opportunité de se faire un nom en battant la Seleção.
Il faut se poser la question : qu’est-ce qui a mené le Brésil à cette situation ? Plusieurs facteurs sont à prendre en compte.
Tout d’abord, la gestion des talents. Le Brésil n’a jamais manqué de joueurs exceptionnels. Chaque année, de nouveaux prodiges émergent des centres de formation brésiliens et brillent dans les plus grands clubs européens. Cependant, cette abondance de talents a souvent conduit à une instabilité au sein de l’équipe nationale. Trop de changements, trop d’expérimentations, et une incapacité à construire un noyau dur ont affaibli la cohésion du groupe.
Ensuite, il y a la question du leadership. Depuis la retraite des grands noms comme Cafu, Ronaldo, ou Ronaldinho, le Brésil peine à trouver un leader charismatique capable de fédérer l’équipe autour de lui. Neymar, censé être le visage de cette génération, est souvent critiqué pour son manque de maturité et son incapacité à guider l’équipe dans les moments difficiles. D’autres joueurs comme Vinicius Junior ou Marquinhos, pourtant solides en club, n’ont pas réussi à s’imposer comme des leaders naturels au sein de la Seleção.
Enfin, il y a l’approche tactique. Le football brésilien semble être à la croisée des chemins. Les entraîneurs brésiliens ont souvent été critiqués pour leur manque d’innovation tactique par rapport à leurs homologues européens. La nomination de Junior Dorival a suscité beaucoup d’espoir, mais il semble lui aussi pris dans cette spirale de confusion tactique, cherchant désespérément à trouver le bon équilibre sans jamais y parvenir.
Alors que le Brésil s’apprête à poursuivre ses éliminatoires pour la Coupe du Monde 2026, l’avenir de cette équipe semble incertain. Les talents sont là, mais sans une réorientation stratégique claire, la Seleção pourrait connaître des jours encore plus sombres.
Le football brésilien doit redécouvrir ce qui a toujours fait sa force : son identité, son style de jeu unique, et sa capacité à enchanter les foules. Le pragmatisme tactique qui a dominé les dernières années ne fonctionne pas. Le Brésil doit revenir à ses racines, tout en s’adaptant aux réalités du football moderne. Cela nécessite des décisions fortes, notamment au niveau de la direction technique, et peut-être même un changement d’entraîneur.
Plus que jamais, le Brésil a besoin d’une révolution. Une révolution qui pourrait passer par la remise en question de ses structures, de ses méthodes de travail, et de son rapport à l’ADN du football brésilien. Si rien n’est fait, le Brésil risque de s’éloigner encore plus de l’élite mondiale, et de voir d’autres nations prendre sa place au sommet.
Pour l’heure, le Brésil est à la croisée des chemins. Et il semble que, pour la première fois depuis longtemps, la Seleção ne sait plus vraiment où elle va.