En Haïti, le 2 novembre est une date marquante, c’est le jour de la fête des Guédé. Cette célébration vodoue est une manifestation de la riche culture religieuse du pays, et elle est l’occasion de rendre hommage aux esprits des défunts, en particulier les Guédé, une famille importante du panthéon vodou haïtien.
Les Guédé, originaires du Dahomey en Afrique, pratiquaient le culte des morts, une coutume héritée des Égyptiens. Leur histoire est marquée par des pratiques telles que la séparation de la tête du tronc lors de l’enterrement de leurs morts, une tradition qui a été interdite au XVIIe siècle par le roi Ouegbadja du Dahomey. Leur lien avec l’Égypte a également influencé le rituel d’osirification des défunts, une pratique conservée par les Guédé.
Ces esprits des cimetières sont perçus comme une forme de garantie ou d’espoir de vie éternelle après la mort. Ils jouent un rôle essentiel dans la religion vodou haïtienne. Il est intéressant de noter que lors de la traite des esclaves, de nombreux Gédés auraient été vendus en bloc et transportés en Haïti, contribuant ainsi à l’enrichissement de la culture vodou locale. La tradition haïtienne veut que la fête des Guédé marque le début d’une nouvelle année mystique.
La célébration du culte des morts a lieu principalement le 2 novembre, bien que le 1er novembre, jour de la Toussaint, soit également un jour férié en Haïti. Les adeptes du vodou en profitent pour manifester leur foi à travers le rite Gede, observé dans les rues de la capitale, dans les cimetières et dans les peristil, lieux de culte vodou. Ces célébrations mêlent des éléments de la tradition vodou à des pratiques catholiques.
Le 2 novembre, les vodouisants se rassemblent autour de la Croix représentant Bawon, considéré comme le premier homme inhumé dans le cimetière. Bawon, qui n’a pas d’équivalent dans les cimetières du Dahomey, devient le symbole des Gédés en Haïti. Les cérémonies incluent également la présence du Baron, qui joue un rôle similaire à Legba, une divinité vodou. Les chrétiens, en revanche, assistent à la messe dans la petite chapelle des Sept Douleurs à proximité, mais leur célébration est beaucoup plus sobre.
Les vodouisants, vêtus de mauve, de blanc ou de noir, le visage couvert de farine, s’enivrent de tafia pimenté tout en dansant le Banda, la danse des Guédé. Ils expriment leur joie à travers des gestes obscènes et des prières aux ancêtres, déposant des offrandes telles que des cigares, du café, des bouteilles de cola, du pain, du maïs grillé, des poissons et des bananes boucanés. Cette célébration est une combinaison d’éléments hérités de la culture coloniale et d’éléments propres au vodou haïtien.
Les festivités du rite Gede varient selon les régions et les origines des familles vodou en Haïti. Dans l’Artibonite, par exemple, les célébrations sont appelées les « Brav » et comprennent des sacrifices, des offrandes, des chants, des danses, et la consommation d’aliments et de boissons sacrées à base de piment et d’alcool. Chaque région a ses propres traditions, mais toutes témoignent de la richesse et de la diversité du vodou haïtien.
La fête des Guédé en Haïti est bien plus qu’une simple célébration religieuse, c’est une expression vibrante de la culture et de l’héritage vodou du pays, mêlant traditions anciennes et influences contemporaines pour créer une célébration unique et inoubliable.