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À Ouanaminthe, les combats de coqs déplacent la foule : une tradition vivante sur la route de Sance

Si en Espagne la tauromachie est très connue, c’est pareil cas en Haïti pour les combats de coqs. À Ouanaminthe, la capitale économique département du Nord-Est, une tradition populaire persiste et continue de faire battre le cœur de centaines de passionnés : les combats de coqs, localement appelés « gaguères ». Si autrefois ces affrontements se tenaient chaque samedi au marché communal, le paysage a changé. Aujourd’hui, c’est sur la route de Sance, du lundi au jeudi, que deux gaguères bien connues rassemblent les amateurs de ce spectacle singulier.

Chaque après-midi à partir de 14 h 30, les lieux s’animent. Les combats, organisés avec rigueur, sont chronométrés et encadrés par un maître de jeu, véritable arbitre respecté par les participants. Sous ses yeux attentifs, les coqs s’affrontent avec fougue, incarnant la fierté de leurs propriétaires. L’enjeu est autant symbolique qu’économique : les paris, souvent conséquents, se multiplient, alimentant une véritable économie parallèle.

Ces rendez-vous attirent des spectateurs venus de tout le Nord-Est : Capotille, Fort-Liberté, Ferrier, Terrier-Rouge, et même de la République dominicaine voisine. Quand toutes ces zones sont réunies, comme pour faire une ligue des champions, cela porte le nom de « dezafi ». Dans cette arène populaire, l’ambiance est électrique. La foule se masse autour du cercle, réagit au moindre coup d’aile, acclame les vainqueurs et commente les faits de jeu. Autour, tout un microcosme s’organise : petits marchands, restauratrices, vendeurs de « kleren », musiciens ambulants participent à l’animation. C’est un véritable pôle d’attraction, une sorte de kermesse populaire où se mêlent jeux, commerce et musique.

Mais si l’ambiance est festive et haute en couleur, un détail frappe : très peu de jeunes figurent parmi les spectateurs. La tradition semble peu transmise à la nouvelle génération, peut-être en raison de changements de sensibilités ou d’intérêts. Cette réalité soulève une question importante : les gaguères d’aujourd’hui seront-elles encore vivantes demain ?

Pour l’instant, elles demeurent un pan vibrant de la culture locale. À Ouanaminthe, les combats de coqs ne sont pas qu’un jeu : ils sont un rituel social, un spectacle populaire, un espace de retrouvailles communautaires. Et tant qu’ils attireront cette foule bigarrée sur la route de Sance, ils resteront un symbole d’identité vivante pour la ville et sa région.

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