1955 – 2025. Cela fera bientôt 70 ans que le compas direct, ce rythme chaloupé et vibrant, est né en Haïti sous l’impulsion du maestro Nemours Jean-Baptiste. Sept décennies plus tard, cette musique qui a fait danser des générations d’Haïtiens, des Caraïbes à l’Afrique, en passant par les États-Unis, s’apprête à célébrer son anniversaire avec une énergie intacte et une histoire bien vivante.
Né à Port-au-Prince dans les années 50, le compas a été une révolution musicale. En intégrant des éléments du méringue haïtien, du jazz, de la musique cubaine et des big bands, Nemours Jean-Baptiste a donné naissance à un style unique : une rythmique fluide, portée par la batterie, les percussions métalliques, une guitare électrique au jeu syncopé et des cuivres élégants. Très vite, le compas devient le son de la modernité. Les bals, les fêtes patronales, les clubs vibrent sous ses accords. Des groupes mythiques comme Les Shleu-Shleu, Tabou Combo, Skah Shah, puis plus tard Zin, T-Vice, Carimi ou encore Harmonik, ont fait de cette musique un véritable patrimoine national.
Le compas a aussi suivi la diaspora haïtienne à travers le monde. À New York, à Miami, à Paris ou à Montréal, il est devenu le langage affectif des exilés. Une manière de rester connectés à Haïti, malgré la distance. Et loin de s’éteindre ou de se figer, le compas a évolué, absorbant des influences électroniques, flirtant avec le zouk, le RnB ou encore l’afrobeat, tout en gardant son âme. Des artistes contemporains prouvent encore aujourd’hui que ce rythme peut rester actuel, séduire les jeunes, franchir les générations et les frontières.
Pour marquer les 70 ans du compas, plusieurs événements sont prévus tout au long de l’année 2025, en Haïti et dans la diaspora. Un grand festival international devrait se tenir à Port-au-Prince (sous réserve des conditions sécuritaires), des concerts-hommages seront organisés à Paris, Montréal et New York, et des expositions ou documentaires retraceront cette épopée musicale unique.
Car fêter les 70 ans du compas, ce n’est pas seulement célébrer un genre musical. C’est honorer une part profonde de l’identité haïtienne. Une musique vivante, fière, enracinée dans la résistance et l’élégance. Une mémoire en rythme, mais aussi une promesse d’avenir.
À 70 ans, le compas n’est pas une musique du passé. C’est une pulsation qui vit encore aujourd’hui dans les cœurs, les fêtes, les souvenirs et les espoirs. Tant qu’il y aura des Haïtiens pour jouer, danser, chanter et aimer, le compas vivra.
















