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« July 7 » : Quand le cinéma haïtien enquête, le vodou répond

Le film « July 7: Who Killed the President of Haiti? » frappe fort. D’un côté, un thriller haletant, où Shedlyne Jacques, étudiante en science politique à New York, revient en Haïti pour enquêter sur l’assassinat du président Renel Moïse (évidente référence à Jovenel Moïse). De l’autre, une immersion saisissante dans les profondeurs de l’âme haïtienne, incarnée par une présence assumée et maîtrisée du vodou.

Réalisé par Robenson Lauvince, produit par Clearshot Entertainment et Aldea Studio, et coécrit par l’écrivain renommé Gary Victor, ce long-métrage marque un tournant dans le cinéma haïtien. Il est le premier film haïtien à être distribué internationalement dans les salles de cinéma, avec des premières aux États-Unis en mai 2025 et au Canada le 7 juillet, date hautement symbolique.

Mais au-delà de l’enquête, ce qui retient l’attention, c’est la manière dont le film convoque, assume et valorise la culture vodou. Les hounfors , les « potomitan », les chants liturgiques, les rôles des loas, les consultations spirituelles — tout est là, mais sans folklore. Le vodou n’est pas décor, il est langage, mémoire, force de narration.

Shedlyne, dans sa quête de vérité, ne se contente pas des documents d’archives ou des témoignages officiels. Elle descend dans les profondeurs de l’histoire haïtienne, où la politique se mêle au sacré, où les esprits sont encore les meilleurs témoins, et où les silences du passé se dénouent parfois dans la fumée d’un encens, à la lueur d’une bougie dans un hounfor.

Le choix d’impliquer Gary Victor comme scénariste n’est pas anodin. L’auteur, connu pour ses récits où le quotidien haïtien croise le surnaturel et le tragique, insuffle ici une charge symbolique et politique puissante. Quant à Lauvince, il revendique un film « fait par des Haïtiens, raconté par des Haïtiens, pour les Haïtiens et pour le monde ». Un film qui refuse que d’autres racontent notre douleur à notre place.

La présence du vodou dans « July 7 » n’est pas simplement un retour aux racines. C’est un acte de réhabilitation, une reconnaissance de ce que le vodou a été pour Haïti : un ferment de liberté, un refuge, une école, une matrice culturelle et politique. Le film appelle, en creux, à un retour aux services, à une reconquête de soi.

Ce cinéma-là ne triche pas. Il porte un pays tout entier, avec ses blessures, ses combats, ses silences et ses esprits. « July 7 », c’est Haïti qui se regarde dans le miroir, et qui ose poser la question : « Qui a tué le président ? » Mais surtout : « Qui sommes-nous pour que l’on continue à nous tuer ? »RéagirRépondre

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