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Pourquoi l’Haïtien ne reste pas indifférent au son du tambour ?

Une chanson dit : « Depi w tande tanbou frape, Ayisyen pa negosye ». En Haïti, le tambour n’est pas un simple instrument de musique : il est le cœur battant de la mémoire collective, la voix des ancêtres et le souffle du vodou. Dès que les premières frappes résonnent, elles éveillent une énergie que nul Haïtien ne peut ignorer. Il y a dans ce son un appel, une vibration qui traverse le corps et qui rappelle d’où l’on vient.

Le tambour en Haïti ne se limite pas à l’art ou au divertissement. Dans la tradition vodou, il est le médiateur entre le visible et l’invisible. Chaque rythme est un langage codé, porteur de messages adressés aux loas. Il invite les esprits à descendre, ouvre l’espace rituel et instaure une communication que les mots seuls ne sauraient exprimer. Cette puissance symbolique explique pourquoi, même hors du hounfor, le tambour conserve une force d’attraction irrésistible.

Mais l’attachement haïtien au tambour n’est pas uniquement religieux. C’est aussi une marque d’identité et de résistance. Hérité des peuples arrachés d’Afrique, le tambour a survécu à l’esclavage, défié les interdits coloniaux, et accompagné les luttes de liberté. C’est au rythme du tambour que se sont galvanisées les révoltes, que s’est affirmée la dignité des opprimés. Aujourd’hui encore, il reste une bannière sonore de l’appartenance et de la fierté.

Le corps haïtien, même sans formation musicale, reconnaît instinctivement ses battements. L’enfant danse naturellement, l’adulte se redresse, le vieillard se souvient. Parce que le tambour, en Haïti, ne parle pas seulement aux oreilles : il touche la mémoire, réveille le sang et inscrit chacun dans une histoire plus vaste que soi.

En définitive, si l’Haïtien ne reste pas indifférent au son du tambour, c’est parce qu’il y retrouve son double héritage : celui du sacré et celui de la liberté. Le tambour n’est pas un bruit, il est une parole. Une parole qui dit à tout Haïtien, qu’il soit croyant ou non : « Tu fais partie d’un peuple qui se souvient et qui résiste ».RéagirRépondre

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