Le folklore haïtien, né de la fusion entre traditions africaines, européennes et taïnos, incarne l’âme profonde du pays. Héritage de l’esclavage et de la résistance, il vit encore dans les fêtes, les chants, les danses, les contes et les croyances du quotidien.
Le vodou en est le cœur battant. Héritier des religions africaines, il a survécu grâce à un syncrétisme avec le catholicisme. Ses divinités, les loas, incarnent les forces de la nature et les émotions humaines : Papa Legba ouvre les chemins, Erzulie Freda représente l’amour, Ogou la puissance, et les Gede la mort joyeuse. Les cérémonies, rythmées par les tambours, mêlent ferveur spirituelle, théâtre et communion collective.
Les contes et mythes complètent cet univers. Bouki et Ti Malice illustrent la lutte entre naïveté et ruse, tandis que La Sirène, Lougawou ou les zombis rappellent la frontière fragile entre visible et invisible. Ces récits, transmis à la veillée, portent la sagesse populaire et traduisent une vision du monde où le réel et le mystère se confondent.
La musique, elle, relie tout : tambours, chants, danses et carnavals sont autant d’actes de mémoire et de liberté. Chaque rythme — yanvalou, rara, konpa — exprime une émotion, un lien avec les ancêtres. La parole chantée devient prière, résistance, célébration.
Le folklore haïtien dépasse les siècles et les frontières. Dans la peinture, la littérature ou la diaspora, il continue d’inspirer et de rassembler. Plus qu’un héritage, il est une manière d’exister : un art de survivre, de transformer la douleur en beauté, et de garder vivant le souffle de la liberté.