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Prix Amaranthe 2022 : le discours du lauréat Richardson Auguste

Le vendredi 18 août 2023, le Prix Amaranthe 2022 a été remis à Richardson Auguste, lauréat la catégorie poésie pour son livre « Voyages pour égorger la nuit ».

Richardson Auguste, poète, enseignant a reçu son Prix Amaranthe 2022 lors de la cérémonie de remise, tenue le vendredi 18 août 2023. Organisée par les Éditions C3, la cérémonie s’est déroulée à la salle de conférence Michel Soukar à Delmas 31.

Lors de cette cérémonie, Richardson Auguste a reçu une plaque d’honneur accompagnée de 500 exemplaires de son texte primé.

Pour la 4e édition de ce prestigieux prix, deux noms avaient été retenus : Richardson Auguste pour son ouvrage « Voyages pour égorger la nuit » (poésie) et Menjie Richard MICHEL pour « Dédales » (fiction). 

Nous publions ci-dessous l’allocution de Richardson Auguste :

« M. le PDG de C3 éditions 

Distingués membres du jury

C’est avec un plaisir fleuve que je prends la parole aujourd’hui pour recevoir le prix Amaranthe 2022, catégorie poésie. Ce plaisir m’habite depuis le jour de la publication des résultats et continue de parler et palpiter fort en moi jusqu’à ce moment tant attendu . Je dois vous avouer que l’obtention de ce Prix est un honneur pour moi pour plusieurs raisons: 

D’abord, il vient donner du zèle à ma Jeune carrière d’écrivain. Ensuite, quand on tient compte du jury composé de figures emblématiques de la littérature haïtienne contemporaine comme Marc Exavier, Gary Victor, il y a mille raisons  d’en être fier.

Je veux profiter de ce moment pour féliciter C3 éditions qui, à travers l’institution du prix Amaranthe et tant d’autres activités littéraires et culturelles,  fait preuve d’engagement citoyen à un moment où l’on a l’impression que Notre Haiti se trouve dans le gouffre de toutes les douleurs du monde. Ici, la nuit est debout etc, il faut des poèmes pour l’égorger! 

Moi, je crois fermement que celui ou celle qui met des livres à la portée des citoyens est un artisan de l’aube et de beauté.
En effet, l’acte d’écrire est pour moi le produit de la solitude, du trouble et des voyages. Entre l’enclave du trouble et de la solitude, générés par les circonstances du temps et de l’espace de l’écrivain, ce dernier, du haut de son inspiration s’approprie du pouvoir de voyager avec les mots, dans les mots et pour les mots. 

Voyages pour égorger la nuit est un texte dont l’écriture a commencé en 2019, période au cours de laquelle des crises de tous poiles s’aggravent dans le pays. Comme écrivain mais aussi et surtout comme citoyen, je crois que la littérature en général et la poésie en particulier peut contribuer à la construction sociale. Là où le manque et le vide règnent en maitre, le désir d’écrire doit être au rendez-vous car il y a urgence. Ce texte, je l’ai habité de toutes mes forces comme il m’habite dans toutes formes. J’y ai mis mon souffle avec la seule volonté de m’en prendre aux blessures quotidiennes et à la nuit carnivore qui arrache le sourire de ma terre. 

Voyages pour égorger la nuit se veut une échappatoire non pas pour fuir les réalités infernales que nous vivons mais pour essayer de mater la désespérance arrogante du quotidien. A un moment où la vie semble se perdre dans des nuits fabriquées, où le désespoir s’implante dans notre existence de peuple, les injustices sociales, l’insécurité galopante  qui trame le vécu haïtien, l’écriture devient pour moi un prétexte crucial pour dire l’urgence dans toutes ses formes.

La poésie est avant tout un acte rebelle mais aussi une sorte d’échafaudage nous permettant de construire ou de reconstruire le monde qui nous entoure avec des mots et des émotions fortes. Elle peut nous permettre de redonner du sens à notre existence parfois volée, violée, brisée et perdue. La poésie a le pouvoir de nous faire rêver au-delà de l’instant, de stimuler notre imaginaire collectif au point de nous faire prendre conscience de notre monde intérieur et extérieur. La poésie est un voyage pour l’auteur aussi bien que pour le lecteur au bout duquel la vie nous attend debout. 

Je dédie ce prix à l’Anthony Phelps de Mon pays que voici, au Marc Exavier du Pays de paille, à l’Anivince Jean Baptiste de De bò goch, à l’Iléus Papillon de Tribòbabò.

Aux lecteurs etc lectrices, Je vous donne ce poème comme bâton de voyage. Partez au-delà de la nuit mais revenez avec une chanson de révolte et d’indignation.

Merci ».

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