Le monde littéraire haïtien est en deuil. Le célèbre poète, romancier et conteur Anthony Phelps s’est éteint dans la nuit du 10 au 11 mars 2025 à Montréal, à l’âge de 96 ans. L’écrivain, dont la santé s’était fragilisée ces derniers temps, est mort paisiblement dans son sommeil, entouré de son épouse et de l’une de ses filles. Cette disparition marque la fin d’un parcours exceptionnel, jalonné d’engagement, d’exil et de création.
Né en Haïti en 1928, Anthony Phelps a profondément marqué la poésie haïtienne et francophone. Son œuvre la plus emblématique, « Mon pays que voici », publiée en 1969, est une déclaration poignante d’amour et de nostalgie pour sa terre natale. Ce texte, enregistré sur disque, a traversé les frontières. Il est devenu un symbole pour la diaspora haïtienne. Son écriture, à la fois lyrique et engagée, lui a valu de nombreuses distinctions, dont le grand prix de poésie de l’Académie française en 2017 et le prix Carbet en 2016 pour l’ensemble de son œuvre.
La trajectoire de Phelps a été marquée par l’exil. Opposant au régime de François Duvalier, il fut emprisonné avant de s’exiler au Canada, où il a poursuivi son œuvre et contribué au rayonnement de la culture haïtienne. Sa poésie, empreinte de douleur et de résistance, reflète ce déracinement. Son engagement littéraire et social transparaît également dans le film-documentaire « Anthony Phelps à la frontière du texte », réalisé par Arnold Antonin, qui offre un regard intime sur sa vie et son œuvre.
Avec la disparition d’Anthony Phelps, Haïti et la francophonie perdent une voix essentielle. Son héritage littéraire demeure cependant un phare pour les générations présentes et futures. À travers ses vers, ses récits et ses engagements, il laisse une empreinte indélébile, celle d’un poète du déracinement, d’un bâtisseur de ponts entre les cultures, et d’un témoin lucide de son époque. Haïti Littéraire vient de perdre son dernier représentant.