En Haïti, la fête des pères est célébrée chaque année le dernier dimanche du mois de juin. Une journée souvent éclipsée par d’autres célébrations plus populaires, mais qui mérite, elle aussi, sa lumière. Et dans le vaste répertoire de la musique haïtienne, une chanson se distingue depuis plus de quarante ans : « Bonne fête papa », interprétée par le groupe Accolade de New York et parue en 1982.
Dans un paysage musical où les mères sont fréquemment célébrées — avec des dizaines de chansons leur étant dédiées — les pères, eux, restent largement absents des hommages. C’est ce vide qu’Accolade de New York a comblé en offrant aux papas haïtiens une chanson touchante, simple, mais profondément respectueuse.
« Bonne fête papa » est bien plus qu’un morceau nostalgique : c’est la seule chanson connue du répertoire haïtien à honorer avec autant de clarté et de tendresse la figure paternelle. Elle rend hommage à ces hommes discrets mais essentiels, souvent relégués à l’ombre, mais dont la présence marque profondément la vie de leurs enfants.
Avec ses arrangements doux, ses paroles justes et son rythme lent typique du compas sentimental des années 80, « Bonne fête papa »traverse les générations. Le texte évoque un père respecté, modèle, soutien moral et pilier de la famille — ce « poto mitan »masculin trop souvent oublié.
Plus qu’une simple chanson de fête, c’est un acte de reconnaissance, un cri du cœur pour dire « merci papa » à une époque où les pères étaient rarement célébrés publiquement, encore moins dans la musique.
Aujourd’hui encore, en 2025, cette chanson demeure unique dans le paysage musical haïtien. Aucune autre œuvre ne lui fait véritablement écho. Elle est souvent redécouverte à l’approche de la fête des pères, partagée sur les ondes ou dans les groupes familiaux comme un geste symbolique, pour rappeler que les pères aussi méritent d’être honorés.
Elle pose aussi une question plus large : pourquoi si peu de chansons haïtiennes rendent-elles hommage aux pères ? Ce manque révèle un déséquilibre culturel qu’Accolade, avec cette chanson, a tenté de corriger — et avec brio.
En offrant « Bonne fête papa » au public haïtien en 1982, Accolade de New York n’a pas seulement créé une belle chanson. Le groupe a offert aux pères un hymne durable, une œuvre rare, précieuse, et profondément humaine.
Dans un pays où l’on chante l’amour, la douleur, la mère, l’exil et la foi, Accolade a choisi de chanter le père — et pour cela, cette chanson mérite d’être écoutée, célébrée, et transmise encore et encore.