Les banques de borlette sont devenues omniprésentes en Haïti, se rapprochant ainsi des clients. Les vendeurs de loto sont désormais ambulants, on les trouve sur les places publiques, dans les marchés, devant les restaurants, entre autres lieux. Les responsables des banques de borlette recrutent des jeunes qui se déplacent de rue en rue, de porte en porte, pour faciliter aux gens la possibilité de jouer. Ces jeunes sont généralement rémunérés en pourcentage sur les ventes effectuées chaque jour et reçoivent également un salaire tous les quinze jours.
Il suffit de passer un peu de temps sur une place publique ou dans un bar en plein air pour observer le va-et-vient des vendeurs ambulants de loto. Confrontés à la concurrence du marché de la loterie, les responsables mettent en place de nouvelles stratégies, la plus répandue étant la vente mobile, qui permet de proposer la borlette dans tous les lieux fréquentés par les gens.
Sur la place Boyer, plusieurs jeunes se déplacent avec leur machine à roulettes, attendant patiemment qu’un client les approche pour placer leurs paris. À la place Saint-Pierre, le constat n’est pas différent. Sous un soleil brûlant, ces vendeurs attendent l’appel d’un potentiel client, souhaitant participer à un tirage. Cela peut aller d’un jusqu’à trois tirages.
Bien que souvent abordés par les clients, ils préfèrent généralement rester silencieux. Le jeu de hasard, en particulier la vente de billets de loterie, est une entreprise controversée. Les jeunes et les adultes travaillant pour les banques de loterie font face à des préjugés religieux, moraux et familiaux, affirment-ils.
« Se pa tout moun ki konnen m ap vann bòlèt », a lâché discrètement un jeune garçon rencontré à la place Saint-Pierre. Ce vingtenaire a déclaré avoir choisi cette voie uniquement pour subvenir à ses besoins. « Gen avantaj nan biznis la. Plis ou vann pou jounen an, se plis pousantaj ou ap ogmante. Sa vle di, mwen ka fè 10.000 goud nan kenz jou », révèle Jhon (nom d’emprunt), refusant de préciser son salaire.
Les banques de borlette pullulent à Port-au-Prince, en particulier. Les unes à côté des autres, ces banques aux dénominations diverses attirent bien des gens en quête d’argent et de profit. Les clients jouent en se basant sur les résultats des tirages précédents ou sur un rêve récent. Selon un vendeur, plus les clients se pressent, plus les bénéfices sont importants.
L’arrivée des vendeurs ambulants de loto dans les rues et les coins de la ville semble potentiellement réduire l’activité des banques de la ville. Cependant, cette affirmation est remise en question par Rony, un marchand de borlette d’une banque à Jalousie, qui affirme ne pas constater de ralentissement du nombre de clients devant son établissement.
La borlette ambulante demeure une option très prisée par les jeunes en quête d’emploi. De plus, une entreprise de loterie adoptant une telle stratégie finira par devenir concurrente sur le marché. Cependant, certains amateurs de borlette expriment des doutes quant à la légitimité et à la légalité de ces jeunes entreprises de loterie en vogue à Port-au-Prince.
