Dans un contexte national difficile, les vendeurs de souliers des rues de Pétion-Ville, représentant un secteur informel vital pour l’économie locale et le tissu social.
Chaque jour, des artisans comme René Egalite, Renal Charles et Ronald Jeudy installent leurs étals avec une rigueur immuable. Leurs gestes précis nettoyage, cirage, arrangement méticuleux transforment l’espace public en atelier à ciel ouvert.
Interrogé sur son travail, Ronald Jeudy, diplômé en économie, explique : « Nous ne vendons pas seulement des chaussures, nous offrons un service de confiance. Beaucoup de clients viennent pour entretenir leurs souliers avant un entretien, une cérémonie ou la rentrée des classes. »
Ces commerçants font face à des défis substantiels. La baisse du pouvoir d’achat et l’exode d’une partie de la clientèle ont réduit leur chiffre d’affaires. Pourtant, leur adaptabilité permet de maintenir l’activité. La solidarité entre vendeurs facilite la gestion des stocks et le partage des bonnes pratiques.
« Les souliers sont beaux, ils sont propres, ils sont neufs », lance René Egalite en souriant, tout en cirant une paire de derby. Son stand, comme ceux de ses collègues, est bien plus qu’un point de vente : un lieu de rencontre et de conversation où l’on échange des nouvelles et des conseils.
Leur persévérance illustre une forme de résistance économique par le bas. En l’absence de structures formelles, ces vendeurs créent eux-mêmes des réseaux d’entraide et des micro-économies stables, contribuant à maintenir une offre accessible pour les habitants.
Aux heures de pointe, l’affluence autour des étals témoigne de leur utilité sociale. Des parents viennent chercher des chaussures scolaires, des employés font entretenir leurs chaussures de travail, des jeunes y trouvent des modèles à petits prix.
Ces artisans discrets, par leur travail opiniâtre, participent chaque jour à la dignité d’une communauté et rappellent que, malgré les crises, l’économie haïtienne continue d’avancer, portée par l’ingéniosité de ses acteurs de terrain.
