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Concours national de débat : faire entendre sa voix pour reconstruire Haïti

Au Cap-Haïtien, quelque chose de rare se prépare. Une scène, une lumière, une voix ou plutôt des dizaines. Pas de promesse creuse, pas de discours électoral, mais des jeunes, des adultes, des voix tremblantes ou affirmées, venues de partout, prêtes à se rencontrer. Pas pour s’affronter, mais pour dialoguer, réfléchir ensemble, débattre avec respect et audace. C’est dans cet esprit que s’inscrit le projet PODIUM, une initiative née de l’Éloquence Club de Plaidoirie, qui remet la parole citoyenne au centre du jeu collectif.

Pendant plusieurs semaines, le Cap vibrera au rythme des mots bien choisis, des idées qui s’entrechoquent, des souvenirs qu’on exhume, des injustices qu’on interroge. Ce concours national de débat, qui se déroulera du 1er au 17 août 2025, n’est pas une simple compétition : c’est un appel à la conscience, une tentative de bâtir, par la parole, les ponts qu’on n’a pas su construire autrement.

Ils viendront en équipes. Des jeunes de 15 ans à peine, épaulés par des étudiants, des travailleurs, des passionnés de justice ou de mémoire, formés aux techniques du débat mais surtout habités par le désir de faire entendre leur voix. À travers des joutes oratoires rigoureuses, un championnat de Plaidorama aux multiples étapes, des ateliers de formation à l’argumentation, mais aussi trois procès historiques imaginés comme des scènes de réconciliation avec le passé, le PODIUM convoque l’intelligence, l’écoute et la transmission.

Dans un endroit où les repères du passé s’estompent peu à peu, pris en étau entre les angoisses du quotidien et les zones floues de l’avenir,le choix de mettre en débat des figures comme Capois La Mort ou les héroïnes invisibilisées de notre histoire, témoigne d’un besoin de relecture, de réparation symbolique. Il ne s’agit pas de rejouer l’histoire, mais de la remettre sur la table, à la lumière d’un regard neuf et collectif.

Le débat ici ne se limite pas aux bancs des grandes écoles : il descend dans les quartiers, s’installe dans les rues du Grand Nord, prend racine dans les préoccupations réelles. Il invite à la parole ceux qu’on n’a jamais vraiment écoutés.

Il y aura des éliminatoires, des formations, deux sorties immersives, et une finale attendue comme une grande fête d’idées. Mais la véritable victoire ne sera pas sur le podium. Elle se mesurera dans la manière dont ces jeunes auront appris à s’exprimer, à écouter, à argumenter sans humilier, à défendre sans détruire. Ce qu’ils gagneront ne tiendra pas seulement dans les prix annoncés plus d’un million de gourdes en nature mais dans cette fierté d’avoir contribué à écrire un nouveau chapitre de la citoyenneté active.

Autour du projet, des soutiens solides : l’UNESCO, le ministère du Tourisme, des écoles, des entreprises locales. Preuve que la parole, quand elle est sincère, rassemble plus qu’elle ne divise. Et surtout, qu’elle peut être un outil puissant pour imaginer un pays qui ne se contente plus de survivre, mais qui rêve, débat, construit et se souvient.

Le Cap-Haïtien accueillera les voix de demain. Il ne reste plus qu’à tendre l’oreille.RéagirRépondre

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