La conjoncture difficile que traverse le pays empêche de saisir les réalisations des jeunes. L’insécurité absorbe presque tout et monopolise l’opinion publique. Pendant longtemps, la jeunesse était traitée en parent pauvre. De nos jours, l’on assiste à l’émergence de jeunes plus soucieux et plus conséquents. Danley Sébastien Eloïm Louis figure dans ce cercle restreint.
Alors que l’insécurité faisait rage dans la région métropolitaine, Danley Louis, jeune étudiant en agronomie à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) de l’Université d’État d’Haïti (UEH), a réussi un pari risqué. Ce dernier a réalisé une cérémonie à Zili Resto Bar à Pétion-Ville où la dégustation du vin local « Gran Bawon » était à l’ordre du jour.
Danley a vu le jour à Port-au-Prince d’un père originaire de Mirebalais et d’une mère originaire de Saint-Marc et membre de la famille Nonez. Il a grandi dans sa ville natale où il a fait ses études primaires à l’institution Jean-Marie de la Mennais. Plus tard, il aura poursuivi ses études secondaires au sein de l’institution la Jachère. Fougueux, discipliné, grand amant de la culture, il aura franchi sans encombre les portes de l’Université d’État d’Haïti (UEH) pour s’installer confortablement à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV), mieux connue sous l’appellation éponyme de Damien.
Âgé de 21 ans, le jeune Louis, PDG de l’entreprise EcoTrans qui se spécialise dans la vinification locale, est venu à bout d’un rêve vieux de plus de 15 ans et qu’il chérissait depuis sa tendre enfance. « Tout part d’une histoire familiale. Mon grand-père Nonez détenait une usine à Saint-Marc, notamment dans la localité de Guillon. Après sa mort, personne n’avait assuré la relève. L’usine a fini par disparaître. Alors, je me suis dit que je dois prendre la relève. », confie-t-il.
Son admission en 2022 à la FAMV va lui faciliter la tâche. Lors des travaux pratiques dans le cadre d’un cours de microbiologie, il a eu l’opportunité de produire du vin local à base de fruits tropicaux. Là, il savait plus que jamais qu’il n’était pas loin de marcher dans les pas de son grand-père. Il s’adonnait à la tâche et souvent grâce à ses fonds propres il multiplie les expériences. D’où la naissance de « Gran Bawon ». « Le nom, il s’agit d’un petit clin d’oeil à la culture haïtienne », explique-t-il.
Son parcours n’a pas été sans heurts. L’instabilité politiqueet le manque d’opportunités n’ont pas été en mesure de réduire Danley à l’inaction. Il s’est résigné à agir peut importe le prix à payer. Convaincu que ce qui est en train de se passer au pays est une mauvaise passe, il a nourri l’espoir de sortir vivant de ce tunnel pour contempler les rayons du soleil de développement.
Le vin « Gran Bawon » qu’il compte mettre sur le marché, est le résultat d’une longue chaîne. Préparé à base de fruits tropicaux, il subit différentes étapes avant de s’inviter à la table. Il reste encore du chemin à parcourir à Danley qui prévoit encore d’autres séances de dégustation en mai prochain. C’est pourquoi la mise en vente n’est pas encore lancée. Lors de la première séance de dégustation comparative, des invités triés sur le volet, ont reçu chacun une fiche pour inscrire leurs remarques qui permettront d’améliorer les prochaines cuvées.
En dépit de tout, Danley Louis n’aspire qu’à poursuivre la voie tracée par son grand-père maternel. Il cache dans son sac bien d’autres projets ambitieux. Pour l’instant, il invite le grand public à savourer le vin local « Gran Bawon » qui sera disponible bientôt sur le marché.















