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« Dlo sachè » : les détaillants en tirent 100% de profits

À Haïti, les activités économiques informelles sont innombrables. Tout peut être vendu et acheté. Souvent, cela répond aux besoins pressants d’une demande croissante ou d’une rareté persistante. L’eau potable, que ce soit dans la rue ou à domicile, fait l’affaire des détaillants ambulants, communément appelés ” machann dlo”. Un sac d’eau géant contenant 50 unités peut être une source de profit importante pour un tel détaillant.

Pour étancher leur soif, des marchands de rue, des chauffeurs de taxis ou des passants ont recours à un sachet d’eau. Les entreprises d’eau potable sont nombreuses et omniprésentes à Port-au-Prince. Ce qui importe le plus souvent, n’est pas nécessairement la qualité, mais plutôt ce qui est disponible à portée de main. Il suffit d’en acheter pour apaiser la chaleur.

Au mois de février, l’achat de deux sachets d’eau coûtait 15 gourdes. Mais en ce mois de mars 2024, le prix a augmenté de 10 gourdes, portant le coût à 25 gourdes pour la même quantité. Un détaillant explique que cette hausse est principalement due à la crise sécuritaire qui affecte le quotidien des Haïtiens.

« Les entreprises de vente d’eau en gros ont du mal à quitter la Plaine pour effectuer leurs livraisons au centre-ville de Port-au-Prince ou à Pétion-Ville », rapporte un vendeur interrogé à ce sujet. Selon lui, moins les camions effectuent leurs livraisons, plus la demande augmente. En conséquence, le prix ne tarde pas à augmenter.

La plupart des vendeurs ambulants d’eau potable n’ont pas d’autres activités économiques. Un sachet d’eau géant contenant au moins 50 petits sachets peut rapporter jusqu’à 100% de revenus, ont révélé quelques vendeurs. « Ladan l, sòl peye, sabotay peye epi n manje. Sèl sa m ka di w », a lâché un détaillant, d’un air détendu. Ce dernier explique que le sachet géant acheté à 250 gourdes contiendrait 50 unités. « Imajine w, ou vann grenn nan 10 goud oswa, 3 pou 25 goud », précise l’homme, qui nous laisse deviner le profit tiré.

L’eau potable disponible à Haïti reste un défi majeur pour une grande partie de la population haïtienne. Ce défi est exacerbé par la flambée de l’insécurité alimentaire et la crise multiforme qui terrasse l’économie haïtienne. Selon des sources concordantes contactées, certains propriétaires de compagnies de traitement d’eau ont dû quitter le pays en raison de menaces ou de déficits financiers importants.

Depuis tantôt une semaine, une pénurie d’eau sévit à Port-au-Prince et ses environs. Les vendeurs se plaignent de cette situation, car ils ont du mal à trouver un endroit où l’on vend des sachets géants d’eau ces derniers jours. De plus les consommateurs se plaignent d’abus, car ils doivent désormais débourser 25 ou 30 gourdes pour deux petits sachets. «Yo bezwen dlo a, yo pa ka pa bwè l. Poutan yo panse se nou k ap fè mache nwa ak dlo a. Se nou tout ki anba l.», lâche Joe ( nom d’emprunt).

Souvent ignoré ou méprisé, le commerce des vendeurs ambulants d’eau potable demeure l’une des filières les plus lucratives, tant pour les détaillants que pour les propriétaires de stations de traitement d’eau.

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