Le mardi 19 décembre, ramenait le 52e anniversaire du football féminin haïtien. Depuis sa création en 1971 à date, il a connu des hauts et des bas. L’année 2023, a été la plus aboutie avec une première participation de l’équipe féminine à une phase de finale de Coupe du monde.
Le 19 décembre 1971, est la date charnière du football féminin haïtien. En effet, le Parc St-Thérèse de Pétion-ville a été le théâtre du match inaugural féminin entre le Canado haïtien et le Sacré-Cœur. Pour la première fois en Haïti, des filles se sont retrouvées sur un terrain pour jouer au football, qui jadis, était réservé aux hommes. Ce fut un jour mémorable, tant la résistance à cette initiative était féroce. Cependant, les pionnières du football féminin, ont eu raison de se lancer dans cette aventure, compte tenu des prouesses réalisées par nos équipes féminines, avec notamment deux participations à deux Coupes du monde, la première en 2018 en France (U20), la deuxième en 2023 avec l’équipe séniore en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Le match du 19 décembre 1971 a été un tournant dans le milieu du football en Haïti, marqué par des préjugés et des comportements machistes à l’égard des femmes. L’idée dominante de l’époque, était que le football était un jeu réservé aux hommes, symbole de puissance, d’endurance, de virilité etc. Les filles ne devraient pas s’adonner à une telle activité. C’est dans cet environnement hostile qu’est né le football féminin haïtien. À dire vrai, les pionniers du football féminin en Haïti, étaient des hommes, donc, ils n’étaient pas tous habités par cette idéologie misogyne. Parmi les initiateurs de l’époque, il faut citer les frères Garry et Phèdre Georges, deux principaux organisateurs du match inaugural, également des journalistes sportifs de l’époque, dont Jean Claude Sanon, Gilbert Fombrun et Yves Jean-Bart. Ces derniers, ont permis au football féminin d’avoir une place de choix dans la presse sportive haïtienne.
Le premier match du football féminin a été suivi par la création de plusieurs clubs, dont l’équipe des Amazones, doyenne du football féminin. Plusieurs tournois ont vu le jour, jusqu’au premier championnat national féminin débuté le 18 novembre 1987, remporté par Hirondelle des Cayes le 4 juin 1988. De 1971 à 1990, le football féminin a vu défiler une pléiade de joueuses talentueuses ayant marqué cette époque, comme : Marjorie Célestin, Ketly Mondésir (Bange), Marie-Denise Bertier (Lolo), Margareth Perdriel, Solange Fils-Aimé, les sœurs Gauthier, Ginette Cherubin, Solange Maître, pour ne citer que celles-là. La première génération a tracé la voie, pour celle d’aujourd’hui, bénéficiaire de toutes les luttes menées pour l’éclosion du football féminin.
La nouvelle génération emmenée par Nérilia Mondésir et Melchie Daëlle Dumonrnay, a mis le football féminin sur la carte du football mondial. Les Grenadières ont joué la plus grande compétition féminine dans le monde, à savoir la Coupe du monde (2023). Elles ont été en France en 2018 à la Coupe du monde des moins de 20 ans. Leur progrès dans la zone Concacaf est vertigineux. Elles ont dominé toutes les catégories de jeunes dans la Caraïbe pendant un certain temps, et elles sont présentement barragistes à la première édition de la Gold Cup féminine qui se déroulera aux Etats-Unis en février prochain. Sur le plan individuel, la signature de Dumornay au sein de la meilleure équipe féminine au monde, l’Olympique Lyonnais, est le plus grand accomplissement d’une sportive haïtienne toute catégorie confondue.
Néanmoins, la situation du football haïtien, a systématiquement freiné la progression du football féminin. La fermeture du ranch de la Croix-des-Bouquets, lieu par excellence de la formation de nos jeunes (filles et garçons), est la plus mauvaise chose qui soit arrivée au football haïtien, particulièrement au football féminin, qui n’est plus capable de placer nos filles à l’étranger. Ce 52e anniversaire offre la possibilité aux dirigeants de remonter le temps pour penser aux sacrifices menés pour la création du football féminin.
