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Francia Sterlin, la voix caribéenne qui traverse les frontières

Elle chante, elle parle, elle émeut. De Paris à Bruxelles, en passant par La Havane, Francia Sterlin incarne avec force et grâce une nouvelle génération d’artistes haïtiens déterminés à faire rayonner leur culture au-delà des océans. Dans le cadre du programme Transcultura, cette chanteuse lyrique originaire d’Haïti porte haut les couleurs d’une Caraïbe plurielle, vivante et fière.

C’est à Paris, lors de l’exposition Celebrando la Diversidad Caribeña, que l’artiste prend la parole devant les représentants de l’UNESCO. Dans un discours vibrant, elle évoque le poids et la beauté de son héritage culturel, mais aussi l’urgence de tisser des liens entre les peuples. Son intervention n’est pas passée inaperçue. L’émotion était palpable. Elle ne parlait pas seulement en son nom, mais au nom de toute une jeunesse caribéenne en quête de reconnaissance et de dialogue.

Loin des discours figés, c’est sur scène que Francia révèle toute la puissance de son engagement. Dans le cadre de la Convention de 2005 sur la diversité culturelle, elle participe à une performance collective d’une rare intensité. Entourée d’artistes venus d’horizons variés, elle partage un moment de fraternité artistique. Les réactions des représentants de l’UNESCO ont confirmé ce que le public ressentait : quelque chose de fort s’était passé, quelque chose de vrai.

La route de Francia la mène ensuite à Cuba, où elle se produit aux côtés du célèbre pianiste Roberto Fonseca. Ensemble, ils célèbrent l’inauguration de l’École Santa Clara et la Journée internationale du jazz. Pour elle, cette collaboration est bien plus qu’une rencontre musicale. C’est une école d’humilité, de générosité et d’excellence. Dans ce cadre chaleureux, elle apprend autant qu’elle transmet.

À Bruxelles, elle retrouve la brillante musicienne Yarima Blanco pour une performance envoûtante, accompagnée par David Webber. Un moment fort du spectacle : l’interprétation de Cómo fue, célèbre chanson de Benny Moré, revisitée en créole avec les mots puissants du poète Sito Cavé. À travers cette adaptation, le message est clair : nos langues, nos rythmes, nos histoires peuvent se croiser sans se trahir. Elles peuvent s’embrasser, dialoguer, créer un pont.

Le public belge découvre également Panama m tonbe, joyau du patrimoine musical haïtien. Un choix symbolique, qui rappelle que la culture haïtienne ne se contente pas de survivre. Elle s’impose, elle rayonne, elle interpelle. Et grâce à des artistes comme Francia Sterlin, elle gagne en résonance dans des espaces encore trop peu accessibles aux voix caribéennes.

Mais au-delà de la musique, c’est une véritable vision que Francia partage. Une vision où la culture n’est pas une simple vitrine, mais un levier de changement. « Lorsqu’on est visibles, lorsqu’on est entendus, on peut faire évoluer les politiques, influencer les priorités. C’est comme ça que l’on pèse dans la balance », affirme-t-elle.

Ce périple a changé sa trajectoire. Il a nourri de nouvelles ambitions, stimulé une créativité renouvelée. Parmi ses projets : un concert autour de la musique classique caribéenne, un trésor souvent négligé, qu’elle souhaite faire entendre sur les plus grandes scènes du monde. Ce n’est pas un rêve. C’est un cap. Et Francia avance, déterminée, avec cette certitude que la culture peut franchir les frontières, briser les murs et toucher les cœurs.

À travers elle, c’est toute une Caraïbe qui chante, qui résiste, qui s’élève.RéagirRépondre

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