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Focus de la semaine

Haïti/Fête des Rois : Des familles mangent de la ‘’Soup joumou’’ le 6 janvier et prennent un bain de chance pour se protéger des chocs mystiques.

À Haïti, les familles haïtiennes célèbrent les fêtes de fin d’année jusqu’au 6 janvier du nouvel an, jour des Rois. À cette date franchie, l’on ne serait pas tombé malade ou frappé par la peine maléfique, croient-elles. Et pour ainsi se protéger,  les plus anciens des ‘’lakou’’ ou des ‘’bitasyon’’ limitent considérablement la circulation de leurs enfants, même dans les contrées les plus rapprochées jusqu’au bain de garde du 6 janvier.

Il se peut que ces traditions n’existent pas chez d’autres peuples. Mais à Haïti, durant les six (6) premiers jours du nouvel an, elles sont scrupuleusement respectées par des familles haïtiennes. Fidèles à leurs traditions ancestrales, ensemble, elles mangent la ‘’Soup joumou’’ le premier et/ou le 06 janvier de la même semaine juste avant le ‘’beny chans’’ du jour des Rois, à l’aube. Ce bain se fait pour dire  adieu à l’année précédente (ranvwaye), se désengager de ce qu’elles appellent le ‘’dyòk’’ de l’année d’avant et se protéger pour la nouvelle année. Ces traditionnels rituels haïtiens jugés superstitieux, piquent la curiosité de plus d’un et suscitent  des questionnements sur leurs bien-fondés.

Les esclaves dit-on, mangèrent de la ‘’Soup joumou’’ au moins le 6 janvier de l’an.

La ‘’Soup joumou’’, est une recette coloniale mais récupérée par les haïtiens, le jour de l’indépendance haïtienne. On mange de la soupe le 1er janvier comme pour se venger du joug de l’esclavage. Le 6 janvier, on la prend en mémoire des esclaves qui peinaient à planter, cultiver, récolter et transporter le joumou sur leurs dos jusqu’à la maison du maître. Seuls les domestiques ont eu droit au reste du repas convoité, ne serait-ce que jusqu’au 6 janvier, s’il en restait.

Des familles s’accrochent à l’idée de cuire et manger la soupe le jour des rois.

Jour de l’épiphanie, le 6 Janvier est plutôt un prétexte chez des chrétiens pour manger la soupe et célébrer  la visite des rois mages à l’enfant Jésus. Religieuse ou païenne, la fête des rois est chargée de légendes, a écrit la ‘’nouvelle république’’, une revue française. Du reste, c’est l’occasion de se retrouver en famille pour tirer les rois. D’aucuns en ont profité pour manger de la soupe et faire le grand adieu à l’année qui s’en tire.

La Galette des Rois- MyParis Touch

Des parents haïtiens baignent leurs enfants pour une chance ou une protection.

Seuls ceux qui ont pu traverser le cap du 6 janvier sont considérés comme héros. Pas avant, les parents haïtiens gardent chez eux leurs enfants. Ils les empêchent de traverser les ‘’kafou’’, de partager la nourriture des autres, les enjoignent de ne pas ramasser les monnaies vues à terre,… Les parents avouent qu’ils ont tenu ces décisions pour le bonheur de leurs enfants.


“Lari a pyeje, tout moun ap chache chans yo. Genyen k ap peye gaj yo, gen lòt k ap fè espedisyon. Lè konsa, se moun y ap chache pou bay nan plas lòt››, témoignent certains parents interrogés à ce sujet. Ils estiment ouvertement qu’après le ‹‹beny›› du 6 janvier plus rien ne pourra arriver à leur proche.


Un bain composé de feuilles soigneusement recherchées, de parfums mystiques, de prières et rituels, avec le support d’un ‹‹granmoun››, la couche est préparée dans un lieu idéal. La pratique du genre scelle l’année de ceux pour qui le bain a été fait. C’est une preuve qu’on est bien protégé par ‹‹papa Bazu›, père des loas, se vante un prêtre vodou, alors que le 6 janvier symbolise l’ouverture de l’année mystique.