Haïti, autrefois surnommée « la perle des Antilles », possédait jadis des forêts luxuriantes qui couvraient une grande partie de son territoire. Mais aujourd’hui, à force de défrichement, de coupes abusives et de pauvreté endémique, le pays ne conserve qu’une faible portion de sa couverture forestière, estimée à moins de 2 %. Cette dégradation dramatique n’est pas seulement un problème environnemental : elle est aussi sociale, économique et humaine.
Le bois de chauffage demeure la principale source d’énergie domestique pour la majorité des ménages haïtiens. Cette dépendance conduit chaque jour à l’abattage d’arbres, sans qu’aucune politique cohérente de reboisement ne parvienne à inverser la tendance. Les conséquences sont désastreuses : érosion des sols, glissements de terrain, inondations, perte de biodiversité et baisse de la productivité agricole. Les collines dénudées, jadis vertes et fertiles, témoignent de cette blessure ouverte dans le paysage haïtien.
Pourtant, au cœur de cette crise écologique, germe un espoir. Partout dans le pays, des initiatives communautaires et des organisations locales tentent de redonner vie à la terre. Dans plusieurs régions, des projets de reboisement voient le jour, portés par des paysans, des élèves, des associations et parfois soutenus par des institutions étrangères. Ces efforts, souvent modestes, traduisent une prise de conscience croissante : sans arbres, il n’y a pas d’avenir durable pour Haïti.
Le reboisement ne consiste pas simplement à planter des arbres. C’est un acte de survie nationale et un engagement envers les générations futures. Il s’agit de repenser la relation entre l’homme et la nature, d’introduire des alternatives énergétiques comme le gaz ou les foyers améliorés, et de promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement. Le défi est immense, mais il n’est pas insurmontable.
Haïti peut redevenir verte, à condition que le reboisement soit érigé en priorité nationale, soutenue par une volonté politique forte et une participation citoyenne constante. Chaque arbre planté représente une promesse : celle d’un pays qui refuse la fatalité, qui croit encore en sa capacité de renaissance. Et peut-être qu’un jour, les montagnes nues retrouveront leur manteau vert, symbole d’un peuple réconcilié avec sa terre.