La cassave est bien plus qu’un simple aliment en Haïti ; elle incarne un savoir-faire ancestral et une tradition vivante qui mérite d’être reconnue au niveau international. En tant que premier élément patrimonial de la région soumis pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO dans le cadre d’une démarche multinationale, la cassave représente une part essentielle de l’identité culturelle haïtienne.
Le manioc, plante tropicale riche en glucides, est à la base de la cassave. Son processus de transformation est minutieux et témoigne du savoir-faire local. Après la récolte, les tubercules de manioc sont lavés, râpés et pressés pour extraire le maximum de suc et d’eau. Une fois le manioc bien déshydraté et mélangé avec du sel, la farine obtenue est étalée sur une platine chauffée, donnant ainsi naissance à la cassave.

La diversité des recettes témoigne de la richesse culinaire de la région. Selon les préférences, la cassave peut être préparée de différentes manières : salée ou sucrée, avec des ingrédients tels que le piment, la noix de coco, le sucre, la cannelle, et bien d’autres. Cette variété fait de la cassave un aliment adaptable à de nombreuses occasions et goûts.
Dans le Grand Nord, particulièrement à Cap-Haïtien, la production de cassave est une activité économique importante . Les cassaveries, lieux de fabrication et de vente, sont fréquentées par de nombreux clients désireux de goûter cette spécialité. Les prix varient, généralement entre 2500 et 3000 gourdes, selon les choix et les ingrédients ajoutés.
Mario, un producteur ayant plus de 19 ans d’expérience, témoigne de l’importance de cette activité pour sa famille. Avec ses cinq membres, il parvient à subvenir à leurs besoins grâce à la vente de cassave. Pour lui, cette tradition ne se limite pas à une simple activité économique, mais constitue également une source de fierté et un moyen de maintenir une culture vivante.
Anne Marie, une consommatrice régulière de cassave, affirme que ce plat est essentiel dans son alimentation. Elle ajoute que lorsqu’elle l’accompagne de manba (pâte d’arachide), elle peut se passer de tout autre repas durant la journée. Cette déclaration illustre l’importance de la cassave dans l’alimentation quotidienne des Haïtiens, renforçant son statut d’aliment nourrissant et pratique.
La cassave est profondément ancrée dans la culture haïtienne, surtout dans le Grand Nord, où elle est omniprésente dans la cuisine locale. Au-delà de ses bienfaits nutritionnels, elle constitue un lien entre les générations et un vecteur de transmission des traditions. Les ateliers comme celui qui se trouvent à vertiere jouent un rôle important en préservant et en promouvant ce savoir-faire.
La cassave n’est pas seulement un aliment ; elle est le reflet d’une culture riche et d’une communauté soudée. En tant que patrimoine vivant, elle mérite d’être célébrée et reconnue. Le Témoin Haïti invite chacun à déguster la cassave au moins deux fois par semaine, non seulement pour ses qualités gustatives, mais aussi pour le lien qu’elle crée avec l’héritage culturel haïtien. Dans un monde où la globalisation menace souvent les traditions locales, la cassave se positionne comme un symbole de résilience et de continuité.