Haïti fait partie des pays, où la déperdition des jeunes et la fuite des ressources humaines sont un véritable fléau. Le milieu scolaire, chaque année perd des centaines de jeunes pour des raisons multiples. Les conditions de vie précaire en Haïti et depuis quelques temps et l’insécurité galopante, provoquent une fuite de capital humain à une vitesse vertigineuse.
Le milieu du sport en Haïti, n’échappe pas à ce fléau, le football particulièrement, compte par centaines des jeunes joueurs et joueuses, qui sont contraints de laisser tomber pour des raisons multiples. Au cours de ces trois dernières années, le football haïtien, a perdu plusieurs jeunes dans plusieurs catégories. Déjà par le passé, la Fédération haïtienne de football était incapable de garantir un avenir aux joueurs, passés par les équipes de jeunes. Le football, local porté par les championnats nationaux, n’arrivait pas à satisfaire les besoins des pratiquants. Cette situation a toujours conduit à une déperdition pour les jeunes, et à un exil forcé pour les joueurs détenteurs d’un visa américain.
Au cours de ces dernières années, le football haïtien avait franchi un cap important avec l’académie « Camp Nous ». Tous les jeunes du centre voyageaient pour jouer dans la Caraïbe et aux Etats-Unis. Le visa américain, n’était plus une fin en soi. Malheureusement, la FHF ne pouvait pas garder indéfiniment, les jeunes au-delà de 17 ans. Certains partaient dans leurs clubs formateurs respectifs, d’autres sont partis à l’étranger. Certains efforts ont été faits pour trouver des stages pour certains d’entre eux, mais beaucoup n’ont pas réussi à décrocher un contrat.
Le football féminin a connu au cours de ces dernières années, une ascension fulgurante, avec notamment la participation d’Haïti à la Coupe du monde féminine des moins de 20 ans en France. Toutes les équipes de jeunes féminines, occupaient les sommets de la Caraïbe, les équipes de l’Amérique du Nord étaient devenues leurs principales rivales. Le football féminin haïtien, était devenu une référence dans la zone CONCACAF. Certaines de nos filles ont fini par décrocher un contrat pour jouer à l’étranger, d’autres étaient en attente, bien avant que n’éclate la « SAGA » du Dr Yves Jean-Bart. Depuis 2021, on assiste à une véritable déperdition de nos jeunes garçons et filles. Toutes les équipes de jeunes de Camp Nous, ont été démobilisées. Tous les jeunes de moins de 14, 15, 17, 20 ans, filles et garçons du ranch, sont soit à l’étranger, soit en Haïti dans des conditions précaires. La fermeture de l’académie Camp Nous, est la plus grosse perte du football haïtien. Des centaines de jeunes ne jouent plus au football depuis tantôt 3 ans.
Tout compte fait, la déperdition dans le football a toujours existé en Haïti. La majorité des anciennes gloires de la sélection 74, sont allées vivre aux Etats-Unis après leur carrière de football, parce qu’ils ne gagnaient absolument rien. Ils n’avaient pas d’autre choix, certains d’entre eux. Les footballeurs haïtiens de ces 20 dernières années, n’attendaient qu’une convocation en sélection nationale pour mettre les voiles, une fois le visa américain en poche. Cependant durant les dix dernières années, les joueurs et joueuses surtout les jeunes voyaient un avenir, une possibilité de poursuivre leur carrière à l’étranger. Et ils sont plusieurs aujourd’hui à monnayer leurs talents à l’étranger. Mais, la situation du football haïtien au cours de ces trois dernières années a changé la donne. La fermeture de l’académie Camp Nous et l’arrêt du championnat national sont aujourd’hui les principales causes de la déperdition des footballeurs haïtiens.
