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La mer comme pont vital pour les habitants de Labadie

À Labadie, un village côtier du Nord d’Haïti, la mer rythme la vie des habitants. Elle nourrit, transporte, et parfois met en danger. Pour beaucoup, elle est la seule voie ouverte face à l’isolement et au manque d’infrastructures routières.

Chaque jour, des pirogues peintes de couleurs vives quittent la plage pour rejoindre les localités voisines. Ces traversées, accessibles pour environ 500 gourdes aller-retour, sont essentielles. Elles facilitent le déplacement des gens, surtout lors des fêtes au Cap-Haïtien, et permettent aux familles de rester connectées au reste de la région.

Mais la mer n’est jamais prévisible. Wislet, marin depuis quinze ans, le sait mieux que quiconque. Il raconte avec gravité deux accidents survenus en 2013, des souvenirs douloureux qu’il garde comme un fardeau. Malgré son expérience, il admet manquer d’équipements de sécurité. Il rêve de gilets, de matériel adapté, mais ses moyens financiers l’en empêchent encore.

Malgré tout, ce métier reste une bouée économique. Lors de périodes de forte affluence, Wislet peut rassembler jusqu’à 50 000 gourdes. C’est ce revenu qui fait vivre sa famille. Mais cette stabilité fragile s’accompagne de risques permanents : absence d’assurance, pas de cadre légal solide, et peu de soutien des autorités maritimes. Les tragédies ne sont donc jamais loin, et certains naufrages récents rappellent cette dure réalité.

Pour ces marins, la mer est un partenaire exigeant. Elle donne, mais reprend aussi. Pourtant, elle reste indispensable à la survie de toute une communauté. Beaucoup espèrent qu’un jour, l’État prendra au sérieux cette activité et offrira aux travailleurs de la mer la reconnaissance et la sécurité qu’ils méritent.

À Labadie, monter dans une pirogue n’est pas seulement un moyen de transport. C’est accepter une part de risque, mais aussi garder l’espoir de mieux vivre demain.

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