Alors que la situation sécuritaire et économique d’Haïti reste précaire, une lueur d’espoir subsiste pour des milliers de citoyens à travers le pays : les championnats de football organisés durant les vacances d’été. Ces tournois, bien plus que de simples événements sportifs, se transforment en véritables vecteurs de cohésion sociale et d’activités économiques, rassemblant des communautés entières autour de la passion du ballon rond.
Dans la capitale, au Parc Sainte Claire à Delmas, un championnat est en cours depuis plusieurs semaines et doit s’achever le 25 août. Ce tournoi est devenu une tradition attendue, où les habitants du quartier et d’ailleurs se réunissent pour encourager leurs équipes favorites. Mais ce n’est pas seulement sur le terrain que l’action se déroule. Autour des matchs, une véritable économie parallèle prend vie : des marchands installent leurs étals, des DJ animent les soirées, et des familles viennent simplement profiter de l’ambiance festive.
Ce championnat est un exemple éclatant de la manière dont le football peut redonner vie à une communauté, même dans un contexte aussi difficile que celui d’Haïti. Les activités qui entourent les matchs permettent non seulement de créer des moments de détente et de plaisir, mais aussi de générer des revenus pour de nombreux petits entrepreneurs locaux.
À Débat, dans la deuxième section communale d’Aquin, le championnat « Plezi Vakans » en est à sa septième édition. Cette compétition rassemble des équipes provenant de plusieurs régions du département, dont Port-Salut, Cavaillon, Miragoâne, Fond-des-Nègres, et Aquin. Chacune de ces équipes arrive avec ses propres supporters, créant une atmosphère d’unité régionale tout en entretenant une saine rivalité sur le terrain.
Le tournoi de Débat d’aquin est une illustration parfaite de l’impact positif que peuvent avoir ces événements sur la vie locale. Pour Kerry Saint Félix, un habitant de la région, ces moments partagés avec sa famille et ses amis sont des privilèges inestimables, surtout dans un contexte où l’insécurité rend difficile toute sortie ou activité collective en Haïti. « Avec l’insécurité qui ravage le pays, surtout la capitale, c’est un privilège pour moi de pouvoir profiter de ces moments de plaisir en famille, » confie-t-il. Au-delà des matchs, ces rassemblements sont l’occasion de multiples activités économiques, qu’il s’agisse de la vente de nourriture, de boissons, ou encore de prestations musicales. Les tournois deviennent ainsi des plateformes où s’entremêlent divertissement, commerce, et vie communautaire.
Ce type de championnat n’est pas l’apanage de la capitale ou de Débat. Tout au long du pays, des événements similaires sont organisés, du Cap-Haïtien à Port-de-Paix. Chaque région, chaque commune, participe à sa manière à cette grande fête estivale du football. Ces tournois sont un moyen pour les communautés de reprendre le contrôle de leur environnement immédiat, d’affirmer leur résilience face aux difficultés, et de créer des espaces de paix et de bonheur dans un pays où ces concepts sont souvent mis à rude épreuve.
Au-delà de leur dimension sportive, ces championnats jouent un rôle crucial dans l’économie locale. Les marchands, souvent des femmes, profitent de l’affluence pour vendre des produits alimentaires, des boissons rafraîchissantes, et d’autres articles aux spectateurs. Les DJ et les animateurs trouvent là une opportunité de se produire devant un public large, renforçant ainsi leur visibilité et leur popularité. En somme, chaque tournoi est un écosystème où le sport et l’économie se nourrissent mutuellement, créant un cercle vertueux dont les communautés locales sont les principales bénéficiaires.
Si ces championnats représentent une bouffée d’air frais pour les participants et les spectateurs, ils mettent également en lumière les défis auxquels le pays continue de faire face. L’insécurité, la précarité économique, et l’absence d’un État fort et présent sont autant de problèmes qui pèsent sur ces événements. Cependant, leur succès démontre également la capacité des Haïtiens à se rassembler et à créer du positif, même dans des circonstances difficiles.
Ces tournois sont bien plus que de simples matchs de football : ils sont le reflet d’une résistance culturelle et d’une volonté farouche de ne pas laisser la violence et le désespoir dicter le quotidien. En rassemblant des communautés entières autour du sport, ils contribuent à maintenir un lien social vital, tout en offrant des opportunités économiques cruciales pour de nombreuses familles.
Alors que le championnat du Parc Sainte Claire se prépare à tirer sa révérence le 25 août, et que d’autres événements similaires se déroulent à travers le pays, l’on ne peut qu’espérer que ces moments de convivialité et de partage continueront à illuminer les vies des Haïtiens, malgré les ombres qui planent sur le pays.