Depuis plusieurs années, le styrofoam (polystyrène expansé) envahit Haïti, particulièrement dans les zones urbaines comme Port-au-Prince, Cap-Haïtien et les grandes villes de province. Utilisé massivement pour l’emballage alimentaire, il est devenu un véritable fléau écologique. Malgré une interdiction officielle en 2013, son usage reste abusif et incontrôlé, contribuant à une pollution visible et dangereuse.
Le styrofoam est omniprésent dans la vie quotidienne des Haïtiens, en particulier dans le secteur informel. Son faible coût et sa disponibilité sur les marchés font qu’il est devenu le matériau de référence pour les vendeurs de rue et les petits commerçants. Il est utilisé pour les plats à emporter. La majorité des restaurateurs et marchands de nourriture de rue servent leurs repas dans des barquettes en styrofoam. Que ce soit pour le « diri kole », la soupe « joumou » ou les « fritay », ce matériau est devenu la norme.
• Les boissons chaudes et froides, café, chocolat chaud, jus naturels et sodas sont souvent servis dans des gobelets en polystyrène.
Les événements et rassemblements tels que mariages, funérailles, fêtes et réunions religieuses utilisent massivement des assiettes et gobelets en styrofoam, car ils sont pratiques et jetables.
Cette surconsommation a des conséquences désastreuses, d’autant plus qu’il n’existe aucune politique efficace de gestion des déchets en Haïti.
L’un des problèmes majeurs liés au styrofoam en Haïti est son accumulation dans l’environnement. Sans filière de recyclage, ces déchets se retrouvent partout dans les rues et caniveaux. En l’absence d’un système de collecte structuré, les déchets en styrofoam bouchent les canalisations, aggravant les inondations en période. On retrouve des quantités énormes de styrofoam flottant dans les rivières comme la Rivière Grise et la Rivière Massacre, et sur les côtes haïtiennes. Cette pollution menace les écosystèmes marins et la pêche.
Le styrofoam n’est pas seulement un problème esthétique, c’est aussi un danger pour la santé publique. Lorsqu’il est exposé à la chaleur, il peut libérer du styrène, un produit chimique suspecté d’être cancérogène. Or, en Haïti, il est courant de voir des plats chauds servis dans ces barquettes, ce qui augmente les risques pour les consommateurs.
Sur le plan environnemental, l’absence de biodégradabilité du styrofoam fait qu’il s’accumule sans se décomposer.
En 2013, le gouvernement haïtien a interdit l’importation, la fabrication et la commercialisation des produits en styrofoam. Pourtant, plus de dix ans après, on constate que cette interdiction est largement ignorée. Les importations continuent depuis la République dominicaine, où le styrofoam est produit à grande échelle.
L’usage abusif du styrofoam en Haïti est un problème environnemental, sanitaire et économique qui nécessite une action urgente. Tant que l’interdiction ne sera pas appliquée et que des alternatives viables ne seront pas promues, le pays restera submergé par ces déchets toxiques. La solution repose sur une prise de conscience collective et une volonté politique forte pour inverser cette tendance.
















