À l’heure du numérique, les jeunes s’interrogent, s’activent et entreprennent surtout. Dans cette même logique, Minoudjie Lamy s’inscrit dans cette lignée. Réservée, altruiste, elle n’a que 21 ans, mais déjà, elle fait parler d’elle dans toute la ville de Ouanaminthe. Fondatrice de ZUZUH_CHIC_FLOWERS, elle a su transformer des blessures d’enfance en une force créative et entrepreneuriale qui allie élégance, audace et engagement social.
Formée à l’école des Sœurs Salésiennes de Ouanaminthe, c’est dans ce terroir qu’elle a connu ses premiers défis, ses premiers déboires. Longtemps moquée pour sa minceur et ses gestes jugés trop gracieux, elle sera vite affublée du surnom de “Zuzuh”, elle a choisi de s’en emparer pour en faire une marque : Zuzuh Chic. Une manière bien à elle de répondre à la cruauté par la classe. Ses détracteurs n’ont pas vu venir ce coup de grâce qui les ont fait taire à jamais.
Entretemps, la petite fille peureuse a grandi, a pris du poil de la bête. Elle a gagné en maturité. Après des études de marketing au Cap-Haïtien, Minoudjie revient à ses racines avec une idée : offrir de la beauté, de la joie, du soin, à travers des bouquets, des cadeaux, des articles personnalisés. Son entreprise naît en 2021, mais c’est en 2024, avec l’ouverture d’un nouveau local, qu’elle marque véritablement le paysage commercial de Ouanaminthe. Elle ne vend pas des fleurs : elle fait pleurer de joie.
Son secret ? L’écoute, la finesse, la création de moments inoubliables. Les commandes affluent pour des surprises d’anniversaire, des déclarations d’amour, des hommages pleins de tendresse. Zuzuh Chic devient le nom qu’on murmure quand on veut offrir un instant magique.
Mais Minoudjie n’est pas une étoile solitaire. À l’instar de Sherlock Holmes avec le bon docteur Watson, elle travaille en duo avec sa meilleure amie qui est d’ailleurs son manager, forme d’autres jeunes femmes, valorise le savoir-faire local. Son entreprise devient aussi un lieu d’apprentissage et de transmission, où l’on cultive les compétences aussi bien que les roses.
Malgré les défis de matériaux rares, manque de financement, scepticisme ambiant, elle persévère. Elle mise sur la formation continue, l’entraide locale et la créativité. Son rêve ? Faire de ZUZUH_CHIC_FLOWERS une marque nationale, puis internationale, reflet du talent et de la résilience haïtienne.
“Les pierres qu’on me jetait, dit-elle, je les ai utilisées pour construire des ponts.” confie celle qui a passé de la jeune fille qui voulait fuir son école à une dame grande d’âme.
Mlle Lamy incarne une jeunesse qui transforme les larmes en lumière. Et quand elle parle, c’est Ouanaminthe entière qui est suspendue à ses lèvres et l’écoute parce qu’elle offre, par chaque bouquet, bien plus que des fleurs. Un avenir.