Le Brésil a structuré le carnaval de Rio pour en faire non seulement une source de revenus mais aussi un moteur de l’économie nationale. En 2023, les projections de revenus du Brésil pour les secteurs du tourisme et des services pendant la saison du carnaval sont estimés autour de 8 milliards de réais (près de 2 milliards de dollars américains). Qu’en est-il d’Haïti ? Il est temps pour les autorités haïtiennes de transformer le plaisir brut du carnaval en produit intérieur brut (PIB).
Avec le carnaval, un marché du travail temporaire s’ouvre au profit des grandes entreprises, à un degré moindre, au profit des mains d’œuvre et petits commerçants. Les grandes maisons de commerce en profitent pour écouler leurs produits et embauchent des journaliers. Les entreprises les plus achalandées renforcent leurs poids publicitaires. À ce moment, des professionnels comme les artisans, les cracheurs de feu, les danseurs, les vidéastes, les beat-makers, encaissent des revenus plus élevés que d’habitude. Le seul problème, c’est que la majorité de ces transactions ne sont pas documentés.
En 2023, le ministère de la Culture a annoncé avoir décaissé 15 millions de gourdes pour le Carnaval de Port-au-Prince. Il est indéniable que ce carnaval a une rentabilité sociale, c’est-à-dire que la société dans son ensemble tire un bénéfice social du carnaval comme moment de loisir de masse dans un pays où il n’y a pas de salles de cinéma, où les bals sont rares et trop chers et exigent des moyens de déplacement inaccessibles au plus grand nombre. Mais il faudrait aussi penser à la rentabilité économique carnaval et la documenter. Sur ce plan, nous sommes en l’an zéro.
