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Sécurité, visas, le Canada veut aider Haïti mais en faisant mieux, dit l’ambassadeur Sébastien Carrière

Le Témoin Haïti a rencontré mercredi 1er février l’ambassadeur du Canada en Haïti, Sébastien Carrière pour une entrevue exclusive. Il a fait le point
Le Témoin Haïti : Dans un premier temps le Canada était plutôt favorable à une intervention en Haïti puis l’ambassadeur du Canada à l’ONU a dit qu’une intervention n’était plus à l’ordre du jour, pourquoi ce changement de ton ?
Sébastien Carrière : L’entrevue de mon collègue Bob Rae avec le Global mail a été découpée, recoupée, etc. Bob a dit ce qu’on dit depuis le début. On ne doit pas appliquer les recettes du passé aux problèmes d’aujourd’hui si on veut avoir des solutions différentes. Durant les 30 dernières années, il y a eu plusieurs interventions militaires étrangères en Haïti et on se retrouve quand même où l’on est aujourd’hui.
On veut aider, Le premier ministre Trudeau l’a dit depuis le début. on veut bien aider. On veut amener des nouveaux acteurs dans l’équation. On a beaucoup consulté les autres pays de la région à travers la Caricom. On pense que les autres pays de la région ont un rôle important à jouer, dans la résolution durable de la crise haïtienne C’est une crise qui concerne la sécurité régionale. Donc on pense qu’on ne devrait pas aller de l’avant sans s’assurer d’avoir ces personnes là à la table pour discuter.
On veut aussi intervenir différemment. Intervention ou force d’appui, les mots sont importants, il faut bien les choisir. Nous sommes dans une logique d’accompagnement de la Police nationale haïtienne. On ne dit pas que la PNH est parfaite. La PNH doit être au cœur de la solution à long terme aux problèmes de sécurité d’Haïti. Les actions du Canada vont se faire de concert avec la PNH pour la renforcer en s’attaquant aux problèmes à court terme mais aussi aux problèmes à moyen et long terme. La solution aux problèmes d’Haïti doit venir des Haïtiens.
Dans la demande originale formulée par Haïti, il y a beaucoup de latitude dans la demande pour bien calibrer la réponse. Ce n’est pas une demande qui dit que je veux x troupes, x véhicules, etc. C’est une demande qui demande concertation entre les spécialistes pour arriver à la bonne réponse. Si on savait exactement ce dont le pays avait besoin pour stabiliser la sécurité demain on l’aurait déjà fait. C’est un processus d’analyse décisionnelle qui prend du temps. Trois experts canadiens sont ici depuis janvier : un militaire, un policier et une civile pour évaluer, mieux cerner le problème et voir ce qui peut fonctionner. Tous les scénarios sont encore sur la table. La seule chose qu’on a enlevé sur la table c’est les grosses interventions comme par le passé parce qu’elles n’ont pas fonctionné.
On agit déjà aussi. La livraison des blindés à la PNH par exemple et le début d’une collaboration avec le Canada sur le renseignement.
Pour l’instant, nous évaluons, toutes les options sont encore sur la table. La seule chose que nous avons écartée c’est de faire des interventions comme par le passé.
Le Témoin Haïti : Pourquoi ne pas offrir plus de visas aux jeunes haïtiens pour travailler, étudier et réussir au Canada ?
Sébastien Carrière : La mobilité c’est très important, surtout pour la jeunesse. C’est un enjeu partout dans le monde y compris pour les haïtiens. Si les gens pouvaient voyager librement, il y aurait beaucoup moins d’immigration clandestine. Les gens meurent. On doit faire mieux là-dessus.
On a toutes sortes de programmes qui existent pour les jeunes. Il y a des haïtiens qui vont étudier chaque année au Canada. Il y a un processus. C’est long, les formulaires sont compliqués, mais il existe des possibilités. Il y a de la mobilité qui existe entre le Canada et Haïti.
Si on pense à long terme, le Canada est en pénurie de main-d’œuvre, ici on a plein de jeunes qui veulent travailler donc il y a sûrement des pistes de collaboration à explorer.
Ce qu’il faut éviter, c’est de venir ici et de prendre des gens qui ont fait des études au frais du contribuable haïtiens et s’en aller avec eux. Moi j’aimerais voir un programme de mobilité qui est plus respectueux des intérêts des deux pays. C’est -à -dire des programmes de formation. Former des jeunes haïtiens au Canada pour qu’ils reviennent travailler pour Haïti.

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