Dans un pays miné par l’insécurité et gangrené par les troubles politiques, de nombreux compatriotes haïtiens ont fait le choix de quitter Haïti pour chercher une meilleure qualité de vie ailleurs, une tendance observée depuis environ trois ans. Au milieu de cette vague de départs forcés, l’écrivaine émérite Yanick JP Lahens a réaffirmé son attachement à son pays et a fait le choix courageux de rester vivre en Haïti malgré les défis auxquels le pays est confronté.
« J’ai choisi de rester vivre en Haïti », déclare Yanick JP Lahens, la lauréate du prix Femina pour son roman “Bain de lune”, lors d’une interview exclusive sur Haïti Inter avec Tcheita Vital. « Si je suis la personne que je suis aujourd’hui, c’est grâce à Haïti. Je considère comme un devoir de redistribuer tous les privilèges que j’ai eu dans ce pays », affirme Yanick Lahens avec fierté.
Interrogée sur son parcours et sa compréhension de l’évolution de la société haïtienne ainsi que sur les difficultés qui la traversent, l’écrivaine affirme avoir la responsabilité de transmettre à la jeune génération les avantages qui ont façonné sa jeunesse. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle a décidé de demeurer en Haïti. « Dans une société où ceux qui ont la capacité de contribuer s’en vont, et avec la politique de Biden visant à faire partir les cadres, c’est terrible; pour moi, ce programme est un miroir aux alouettes », explique-t-elle pour justifier son choix.
Au cours de son interview, la romancière a saisi l’occasion pour revenir sur ses débuts de carrière et sur son choix d’étudier les lettres plutôt que le droit. Son amour pour les lettres a pris racine à l’école classique avant son départ pour la France, où elle a véritablement pris conscience de son potentiel et s’est lancée définitivement dans le domaine littéraire, a-t-elle expliqué. Réagissant au chaos qui sévit actuellement dans le pays, Yanick Lahens estime qu’il existe encore en Haïti une énergie, un potentiel dans les communautés rurales en dehors de Port-au-Prince. Elle souligne que la construction du canal a été un exemple d’énergie positive.
Yanick Lahens est actuellement à Kinshasa pour prendre part à la 10ème édition de la Fête du Livre de Kinshasa. Ce vendredi 23 février à 19h, elle animera une conversation intitulée « Les femmes qui écrivent, lisent, créent, aiment sont dangereuses », en compagnie de Chantal Kanyimbo. Bibiche Tankama aura le rôle de modératrice.
Dans l’ensemble, Yanick Lahens se démarque non seulement par ses œuvres littéraires, mais aussi par ses choix audacieux en faveur d’Haïti. Ses récentes déclarations concernant sa décision de rester vivre dans le pays sont une illustration de sa grandeur d’âme et de sa reconnaissance envers tout ce que le pays lui a permis d’accomplir dans sa vie et sa carrière. Son choix, loin d’être anodin, envoie un message d’espoir aux Haïtiens, les exhortant à ne pas perdre espoir et à continuer à croire en un avenir meilleur pour Haïti.
