Activités de subsistance en Haïti : les laveurs d’auto, artisans de leur propre survie
Dans un pays confronté à une inflation galopante, à la crise de l’emploi, et à une économie fragile, des milliers d’Haïtiens ont trouvé dans des activités de survie, telles que le lavage de voitures, un moyen de subvenir tant bien que mal à leurs besoins. Cette réalité est particulièrement tangible dans les rues de la capitale et dans les villes de provinces, où des individus créatifs ont transformé des espaces de stationnement en véritables centres de lavage automobile.
L’aire de Delmas 83, carrefour de l’aéroport, et la ville du Cap-Haïtien sont des exemples de ces endroits où des jeunes, souvent issus de milieux précaires, ont investi le créneau du « car wash » pour survivre économiquement. Du lever au coucher du soleil, ils s’attellent à laver voitures, motos à deux roues, et motos à trois roues, offrant leurs services à des tarifs qui s’ajustent à la réalité économique du pays.

Les témoignages poignants d’Emmanuel Hilaire, illustrent la nécessité qui lui incombe, d’entreprendre cette activité pour assurer l’éducation de ses enfants. Père de trois enfants, Emmanuel explique que le fruit de son labeur acharné, lui permet de payer les frais de scolarité d’un de ses enfants, un sacrifice quotidien pour garantir un avenir meilleur.
Malgré les défis rencontrés, tels que les insultes occasionnelles des passants, ces laveurs d’auto expriment une fierté légitime pour le travail qu’ils accomplissent. Emmanuel souligne son record de lavage de 20 voitures en une journée, mettant en lumière l’efficacité et la détermination de ces artisans de la propreté automobile.
Occelien Angelot, engagé dans cette activité depuis 1997, apporte une perspective à long terme. Ancien chauffeur de camion, il a choisi de devenir laveur d’auto, une décision qui a non seulement contribué à la construction de sa maison mais qui l’a également impliqué dans des projets communautaires visant à améliorer les conditions de vie locales.
Willy Jean, quant à lui, souligne la nécessité d’une meilleure structure pour leur travail. Préférant le lavage de voitures à la détention d’armes, il met en avant son désir de pratiquer une activité honnête qui lui permet de gagner sa vie de manière positive.

Dans cette quête de dignité et de subsistance, les femmes ne sont pas en reste. On souligne l’engagement de Jennifer, une jeune femme qui, malgré les difficultés, toute souriante, elle lave des voitures avec une énergie débordante. Cette diversité de profils démontre que le lavage de voitures est devenu une profession inclusive et accessible à tous.
Au-delà d’une simple activité de survie, le lavage de voitures devient ainsi une véritable source de fierté pour ces travailleurs acharnés. Leur contribution quotidienne au développement local, à travers le maintien de la propreté des véhicules, offre une perspective d’espoir dans un contexte économique difficile. Ces laveurs d’auto, bien que confrontés à des conditions difficiles, incarnent la résilience du peuple haïtien et le potentiel de transformation positive de leurs efforts.
