Le rara haïtien et ses origines

Tout de suite après le carnaval, débute la période du rara. Jouée lors de défilés de rue cette forme musicale est inspirée du vaudou et née de la rencontre des premiers esclaves avec les populations indigènes. Aujourd’hui le rara est reconnu par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) comme étant la première expression culturelle native du territoire haïtien. Ce genre est même exporté en République dominicaine, et fait désormais partie intégrante de la scène musicale afro-dominicaine où il est familièrement connu comme gagá.

Selon plusieurs chercheurs, le rara est hérité de l’apport des Amérindiens, des Espagnols, des Français et de plusieurs ethnies africaines. Le chercheur en anthropologie et hougan (prêtre du vaudou), Norluck Dorange définit le rara comme « une des manifestations culturelles d’Haïti qui traduit l’expression de la survie des traditions des indigènes – communément appelés Indiens – qui peuplaient l’île avant l’arrivée des Noirs d’Afrique amenés par des Européens ».

Selon lui, son origine remonte à des milliers d’années. « De même qu’avant le christianisme, plusieurs peuples rendaient un hommage au soleil, les premiers habitants d’Haïti choisissaient cette époque, appelé équinoxe, qui coïncide avec la fête de Pâques des chrétiens, pour célébrer l’arrivée du temps des semailles ».

Cependant c’est au moment du marronnage, c’est-à-dire la fuite des esclaves noirs dans les mornes pour échapper à leurs conditions de vie que les populations noires sont entrées en contact avec les derniers des indigènes, qui leur ont transmis plusieurs de leurs pratiques, dont le rara.
Pour l’ethnologue Jean Coulanges, le rara est considéré comme un héritage des taïnos qui habitèrent l’île avant la colonisation. Il serait lié à l’équinoxe de printemps, jour consacré par les Mayas à la nature. De plus, les traces des « majors jonc »se retrouvent chez les Mayas, notamment dans le Yucatán au Mexique. Il aurait, par la suite, été adopté par les esclaves africains.

Le syncrétisme religieux serait ensuite venu se greffer à cette fête, donnant la coïncidence avec le calendrier chrétien. Ceci amène à penser que les manifestations rara sont des festivités païennes.
Depuis un bon nombre de temps, le rara haïtien est joué dans des festivals dont le PapJazz Festival. Il est également utilisé à des fins politiques pour les candidatures et les campagnes. Les paroles abordent aussi des sujets difficiles comme l’oppression politique ou la pauvreté.

Le rara est un élément patrimonial exceptionnel d’Haïti. Il a lieu dans plusieurs endroits du pays et Léogâne est la zone la plus renommée. Il est devenu un puissant symbole identitaire des habitants de la plaine de Léogâne où on compte plus d’une trentaine de bandes de rara qui drainent environ 2000 personnes chacune au moment des festivités des trois derniers jours de la Semaine sainte.

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