À la découverte du tambour marengwen, un patrimoine culturel
Originaire d’Afrique, le tambour marengwen est un instrument musical traditionnel présent dans plusieurs régions du pays dont le Nord, l’Artibonite, le Sud et l’Ouest. Réputé pour ses accompagnements avec des chansons populaires et vodou, le tambour marengwen sert à divertir les paysans. Il est joué par des jeunes et adultes dans la cour des habitations en milieu rural.
Il est connu à Founta-Djalon en Guinée (ou Guinée Conakry) et en Afrique Centrale sous le nom d’arc-en-terre. En Afrique, il est dédié aux esprits de la terre appelés Ziwanda Wanda. Le savoir-faire a été transporté dans la colonie saint-dominguoise. Il a été recréé par les esclaves noirs arrachés des terres africaines au cours de la traite négrière. Ils ont choisi le tambour marengwen sur les habitations coloniales comme une stratégie pour se défaire des atrocités du travail de la terre en s’adressant aux esprits de la terre.
Le tambour était présent à l’époque coloniale, il l’a été également lors de la lutte pour l’indépendance. Après la proclamation de l’indépendance le 1e janvier 1804, le tambour marengwen a été utilisé pour consoler les soldtas. Pendant la période coloniale, il représentait le principal instrument musical utilisé par les esclaves à Saint-Domingue dans le cadre de leurs rencontres sur les plantations sucrières et caféières. Il a épousé leurs souffrances et leur a servi d’instrument de ralliement, de canal pour invoquer voire évoquer les loas.
Mais l’interdiction leur a ensuite été faite, par les maîtres français dans le Code noir (1685), d’utiliser des tambours dans la colonie de peur qu’ils incitent à la révolte. Les esclaves, ne pouvant plus vivre sans le son du tambour qui rythmait leurs chants et nourrissait leurs desseins, ont inventé une autre forme de tambour en remplacement de celui de forme conique. Ils ont créé le tambour marengwen ou marengwen piga zonbi de cette façon. Son nom fait référence à cette moustique (maringouin) qui piquait les esclaves durant la nuit.
Les chants exécutés au son entraînant de ce tambour relèvent du répertoire des cérémonies vodous du rythme Djouba, c’est-à-dire des cadences chantés dans les moments de divertissement et pour rendre honneur à Zaka, divinité des paysans. Ces chants sont aussi du rythme Banda interprétés en l’honneur des Gede, c’est- à dire les esprits de la mort dans la religion vodou, célébrés le 2 novembre.
La croyance populaire veut que l’on joue durant la nuit. Mais dans les départements du Nord et l’Artibonite, on le joue aussi durant le jour tant que la nuit pour divertir les paysans. Dans le Sud et l’Ouest, il est utilisé durant la période de pâques (Mars – Avril) et des Gede (Octobre – Novembre) pour vénérer les lwa associés à ces festivités.
Le tambour marengwen est joué par toutes les tranches d’âge. Les enfants sont autorisés à le pratiquer durant les vacances scolaires, c’est aussi une façon de contribuer à l’apprentissage et à la transmission.