Dans les coulisses des bandes de rara

Chaque année après le carnaval, est célébré le Carême, du mercredi des Cendres jusqu’au dimanche de Pâques. Pendant cette période, des habitants de plusieurs villes haïtiennes dont Léogâne, font la fête, sortent dans les rues entre amis et en famille pour chanter et danser au rythme du rara. Pourtant, ce ne sont pas tous ceux qui suivent les bandes de rara qui savent que, comme toute association, une « bann rara » s’organise autour d’un conseil d’administration.

Selon l’anthropologue Jean Coulanges, une bande de rara est comme une société. Elle fonctionne avec, entre autres, un président, un vice-président, un gouverneur, un commandant et un colonel. Lorsqu’un groupe rara se déplace de son QG, de son site ou de son « lakou », son chef ou propriétaire (mèt rara), accompagné du colonel, d’un porte-drapeau et un groupe de majors, prennent la tête du cortège. Le colonel, qui utilise un fouet et un sifflet, purifie l’espace de son itinéraire.

Le fouet de tâche que tient le colonel, été utilisé par les colons pour fouetter les esclaves. Aujourd’hui, ce fouet représente l’indépendance, la liberté, l’honneur et le « en-avant, en-avant, en-avant ». Les chansons sont écrites et mises en musique par des artistes-compositeurs dénommés Sambas.

Les « Major-jonc » jouent un rôle capital lors des parades. Ils excellent à faire tenir le jonc en équilibre entre deux doigts en le faisant tourner à grande vitesse tout en dansant. Portant des casquettes, des lunettes fumées, des tuniques aux couleurs très vives, assorties de franges ou foulards rouges, verts ou jaunes, les « Major-jonc » se distinguent par leur accoutrement. Des chercheurs rapportent que les traces des majors-jonc se retrouvent chez les descendants actuels des Indiens mayas en Équateur.

Intimement liés au vodou, les groupes de rara en règle générale sont tenus de respecter des rituels à chaque sortie, une route symbolique qui permet d’assurer leur protection face aux rivalités qui pourraient éventuellement subvenir avec d’autres groupes de rara et attirer les chances de toutes sortes. Le « vèvè », le « fwote beny » et les « liminasyon » (des composantes du rituel) sont les premiers éléments qui interviennent lors du rituel correspondant à l’invocation d’un loa ou esprit.

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