Le « roi » ou chef suprême du vodou haïtien

 Le « roi » ou chef suprême du vodou haïtien

Dans le paysage spirituel et culturel haïtien, le titre de « roi du vaudou » est utilisé de manière imagée pour désigner le chef suprême de la religion vodou,en réalité, celui qui occupe la fonction d’« Ati national » de la Konfederasyon Nasyonal Vodouyizan Ayisyen (KNVA). Depuis sa nomination, c’est Carl-Henry Desmornes qui détient cette responsabilité.

Élu le 13 mai 2019 par 83 voix sur 158, il succède à une succession de chefs antérieurs de la KNVA.   Son intronisation officielle a eu lieu le 14 août 2019, au Parc historique de la Canne-à-Sucre, une date choisie pour sa forte charge symbolique (anniversaire de la cérémonie du Bois-Caïman). 

Ancien gestionnaire de groupes musicaux et dirigeant d’une radio, il a tourné son parcours vers le vodou et les responsabilités qu’il suppose pour représenter la communauté vodouisante.   Il a alors énoncé plusieurs objectifs : promouvoir la reconnaissance sociale et culturelle de la religion vodou en Haïti, encourager des engagements environnementaux et mettre de l’ordre dans les pratiques discréditantes pour la religion. 

Il n’en reste pas moins que sa position est soumise à des tensions internes. En 2022, une scission est apparue : une branche de la KNVA a nommé Augustin Saint‑Clou comme Ati national, tandis qu’une autre a désigné Prospère Louisdor comme Ati provisoire, ce qui témoigne de fractures dans l’organisation et de la complexité du rôle. 

Ainsi, bien que Carl-Henry Desmornes soit officiellement l’Ati national tel qu’il a été élu en 2019, il convient de nuancer la formulation de « roi du vodou » : le rôle revêt surtout une autorité symbolique et spirituelle, non monarchique, et dépend d’une légitimité qui peut être contestée ou mise en cause par des dissensions internes.